Une semaine après la rentrée des classes, MG France siffle déjà la fin de la récréation. Lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi, le syndicat a dénoncé le manque de préparation du gouvernement pour faire face à la reprise épidémique et réclamé la définition d’une conduite à tenir « claire et précise » pour les médecins généralistes. Car dans les cabinets, la rentrée n’est pas de tout repos.
Après avoir lu des témoignages de confrères omnipraticiens « exaspérés » par cette rentrée « mal organisée et mal préparée », le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat, a dit être en attente de « recommandations qui permettent [aux généralistes] de savoir dans quel cadre exercer, pratiquer ». Pour l’heure, c’est le flou artistique. « Les recos sur lesquelles nous basons notre activité datent du printemps, souligne le patron de MG France. Nous avons demandé il y a quinze jours que la Haute autorité de santé (HAS) en établisse de nouvelles car la situation est différente. C’est très difficile pour nous de travailler, il nous les faut urgemment ». Si certaines sociétés savantes en ont élaboré, MG France réclame des recos « qui s’appliquent à tous et qui bénéficient de l’aval des autorités sanitaires, en étant estampillées HAS ou HCSP (Haut conseil de santé publique) ».
Quelle conduite tenir avec les enfants ?
Les médecins généralistes sont notamment en attente de recommandations concernant la prise en charge des enfants. En effet, de nombreux établissements scolaires, par principe de précaution, renvoient à la maison les enfants au moindre nez qui coule. De fait, de nombreuses consultations pour certificat de reprise d’école ou de crèche embolisent les agendas des médecins. « Les recos de la Société française de pédiatrie nous ont un peu éclairés mais nous nous sentons un peu seuls », confie le Dr Margot Bayart, vice-présidente du syndicat. « À partir de quel âge faites-vous un test PCR ? Est-ce nécessaire de le faire à un enfant de deux ans ? Faut-il tester une rhinopharyngite sans fièvre ? À quel moment ? » sont autant de questions que se posent les omnipraticiens, observe le Dr Battistoni.
Au passage, le président appelle au « civisme » de chacun. « De la même façon qu'il faut prioriser l'accès au dépistage, il faut prioriser les consultations vraiment utiles ! Des fédérations sportives réclament de nouveaux certificats de non contre-indication alors qu'ils sont désormais valables trois ans, juste à cause du Covid… Ça n'a aucun sens ! Il faut que pouvoirs publics tapent du poing sur la table ! », s'est-il agacé.
Deux nouvelles consultations Covid réclamées
En outre, le syndicat réclame la mise en place de deux nouvelles consultations : l’une dédiée à l’accompagnement des patients positifs au coronavirus, l’autre aux personnes à risques, dans un but de prévention.
La première, réservées aux personnes atteintes du virus, qu’elles aient été diagnostiquées comme telles par un médecin au vu de leurs symptômes ou qu’elles aient eu un résultat de dépistage positif, permettrait aux médecins généralistes traitants de « conseiller ces patients, les suivre, leur prodiguer des soins et leur donner des conseils sur l’isolement », fait valoir le syndicat. Celui-ci demande que l’Assurance maladie autorise les médecins traitants à la coter G + MIS (consultation très complexe, 55 euros) même si le patient a n’a pas été diagnostiqué par leurs soins. « Qui de mieux placé que le médecin généraliste peut donner ces conseils en matière d’isolement ? Personne, répond le Dr Battistoni. Parce que nous savons adapter ces conseils, car nous connaissons les conditions de vie du patient. Nous pouvons prévenir la diffusion du virus dans l’entourage. C’est très probablement l’un des moyens de luttes principaux contre l’épidémie. »
Là encore, les omnipraticiens sont demandeurs de recommandations. « On a besoin de savoir si ces personnes doivent pratiquer un confinement partiel ou total, souligne le patron de MG France. Dans quelles situations, que font-elles par rapport à leur entourage ? Vont-elles chercher les enfants à l’école ? »
Limiter les risques d'infection
Le second acte réclamé par le syndicat est une consultation de prévention à destination des personnes à risques, telles que définies par le HCSP, afin de limiter au maximum les risques d’infection. « C’est l’enjeu principal de la phase dans laquelle nous sommes », souligne le Dr Battistoni. Cette consultation, qui pourrait être cotée CCX (consultation complexe, 46 euros), permettrait de délivrer aux patients « des conseils adaptés à leur état de santé ». MG France souhaite donc que les personnes à risque soient invitées par leur CPAM à se rendre chez leur médecin traitant pour cet acte qui serait pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie. « On pourrait même imaginer qu’elle ait lieu en même temps que la vaccination antigrippale », a suggéré le Dr Jean-Louis Bensoussan, secrétaire général du syndicat. Les généralistes pourraient également contacter eux-mêmes certains de leurs patients, précise MG France.
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