Las d'être attaqués sur la liberté d'installation, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI), celle des internes en médecine générale (ISNAR-IMG) ainsi que les étudiants (ANEMF) s'allient, une nouvelle fois, pour dénoncer les dérives des parlementaires sur ce sujet et, afin de couper court à toute velléité de coercition à leur encontre, leur proposer de travailler dans la même direction.
C'est le député socialiste de Seine-Maritime Christophe Bouillon qui a mis le feu aux poudres la semaine dernière. Celui qui est également président de l'Association des petites villes de France (APVF) a proposé a minima une « expérimentation d'obligation d'exercice en zone sous-dotée en début de carrière à temps plein ou partiel » pour lutter contre la désertification médicale, sans préciser la durée du bail forcé. Chez les jeunes générations qui s'opposent à la coercition sous toutes ses formes, c'est la goutte d'eau de trop. « Ce n'est plus possible de tenir de tels propos pessimistes, se désole Antoine Reydellet, président de l'ISNI. Il faut arrêter de penser que les jeunes ne veulent pas s'installer en campagne. S'ils sont bien accompagnés, ils y vont ». Clara Bonnavion, présidente de l'ANEMF, abonde en ce sens : « Le conventionnement sélectif, c'est dangereux, ça ne rendra pas un territoire plus attractif et ça peut créer une part de médecins déconventionnés ».
Ce n'est pas la première fois que les jeunes se mobilisent en faveur de la liberté d'installation, valeur fondamentale de la médecine de ville. Dans l'Hémicycle, les attaques sont récurrentes, à l'instar des tentatives de déploiement du conventionnement sélectif défendues par les députés Philippe Vigier (UDI, Eure-et-Loir) et Guillaume Garot (PS, Mayenne). Sans succès, mais pour combien de temps ?
Hébergements territoriaux pour tous
Les jeunes ont identifié plusieurs leviers incitatifs à actionner pour favoriser l'accès aux soins. De nombreux départements l'ont déjà compris et sortent la tête de l'eau grâce à des initiatives spécifiques à leurs territoires, avancent-ils. « Aujourd'hui, dans l'Aveyron, il y a plus d'installations que de départs à la retraite », illustre le chef de file des internes.
Les jeunes sont catégoriques : les élus doivent comprendre qu'une installation ne se réalise que dans un territoire déjà familier. « On ne peut pas reprocher à un étudiant de ne pas aller dans un territoire qu'il n'a jamais connu », reprend Clara Bonnavion. Pour eux, il est donc impératif de développer des stages en dehors des CHU, afin de faire découvrir aux jeunes la pratique de la médecine ambulatoire. Les trois structures demandent aux collectivités territoriales de s'investir via la prise en charge des transports et la mise à disposition d'« hébergements territoriaux » (ex-internats ruraux) à tous les étudiants en santé : externes, internes et paramédicaux. « Nous changeons de stage tous les six mois. Ce n'est pas toujours simple de trouver un hébergement. Ici, ça nous permet de rencontrer d'autres futures professions de santé, de briser la solitude et de découvrir un territoire », argue Pierre Guillet, premier vice-président de l'ISNAR-IMG, en prenant exemple sur le département du Cher qui a déjà sauté le pas.
L'accompagnement est une autre mesure primordiale pour séduire la jeune génération. Les carabins et internes réclament un guichet unique pour entamer leurs démarches d'installation facilement, se renseigner sur les zones, les projets en cours dans le territoire, les aides financières et les possibilités pour leur famille. « Nous devons réaliser plusieurs démarches administratives auprès de l'Ordre, la caisse primaire ou l'agence régionale de santé, égrène Pierre Guillet. À chaque fois, c'est un casse-tête ! » Quelques départements ont déjà fait le premier pas vers la simplification. Ainsi, un référent dédié est présent à la faculté de médecine de Nancy et dans les bureaux ordinaux de Rodez.
Un guide sur les initiatives qui marchent
Pour compléter cette offensive commune, l'ISNI entend publier dans les prochaines semaines un guide sur les initiatives qui marchent dans les territoires afin que les départements en difficulté s'en inspirent. Une trentaine de présidents de département et cinq de régions y ont participé. Dans le même registre, l'ISNAR-IMG a lancé une campagne d'un mois pour faire connaître les solutions et démonter, une fois pour toutes, le culte de la coercition.
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