Une offre de soins pas assez graduée, illisible pour les patients et insuffisamment coordonnée… Mi-février, la Cour des comptes dressait le même constat, formulant des recommandations pour des parcours de soins en santé mentale plus cohérents, ne laissant sur le bord de la route aucun patient concerné, du simple mal-être au trouble plus sévère. Elle préconise le filtrage de l’accès aux soins en CMP par un médecin traitant. Les CMP, aujourd’hui en accès libre et notoirement engorgés, pourraient ainsi se concentrer sur des « publics prioritaires ». La Cour des comptes souligne que pour les cas moins graves, le généraliste devrait pouvoir prescrire des psychothérapies assurées – et prises en charge – par les psychologues libéraux.
4 départements à l’essai jusqu’en 2022
Cette voie est expérimentée depuis 2018 dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes et Morbihan) pour les adultes de 18 à 60 ans présentant des troubles anxieux ou dépressifs légers à modérés. Mi-février, selon la CPAM, plus de 27 000 patients y ont bénéficié de 1 à 10 séances d’accompagnement psychologique de soutien ou de psychothérapie structurée. 79,4 % des généralistes installés dans ces départements ont prescrit au moins une séance. Le dispositif, en cours jusqu’en décembre 2022, fait l’objet d’une évaluation médico-économique, dont les premiers résultats devraient être disponibles avant la fin de l’été.
Si l’idée de généraliser ce projet a fait son chemin – « on en parle, et c’est déjà énorme », se réjouit le Dr Alice Perrain, membre du groupe de travail du Collège de la médecine générale sur le sujet –, « il sera néanmoins réservé à certaines maisons de santé, certains patients, certains psychologues » et son élargissement butte encore sur des arbitrages financiers, « l’Assurance maladie craignant de se voir débordée ».
Des initiatives portées par les CPTS
D’autres solutions innovantes ont émergé à l’échelon régional autour des CPTS. À Toulouse, l’URPS Occitanie expérimente depuis 2017 un dispositif de soins partagés en psychiatrie (DSPP), structuré « à partir du questionnement du médecin traitant », explique le Dr Bensoussan. Une petite équipe de psychiatrie hospitalière est dédiée pour répondre à toute demande pour un éclairage sur la stratégie thérapeutique, voire un avis, avec une consultation assurée dans les 11 jours. « Les trois quarts des patients adressés sont appelés à être suivis par leur médecin traitant, avec éventuel appui de l’équipe », recense le psychiatre. En Indre-et-Loire, un projet approchant s’est constitué, porté par les 6 CTPS du département, en lien avec le CHU, confie le Dr Perrain. Il s’appuie sur la mise en place de liens privilégiés avec un psy (un mi-temps financé dans chaque CMP) et une adresse mail dédiée, pour recours à des avis rapides dans les dix jours, et organisation de groupes de psychothérapie pour les patients dépressifs.
Un manque de spécialistes
La densité médicale, rapportée dans la note sur les projets territoriaux de santé mentale remise en janvier 2020 par MG France et le Syndicat des psychiatres français au délégué ministériel à la santé mentale, montre le déficit de spécialistes à même de recevoir les patients et d’appuyer la prise en charge des médecins généralistes à l’échelle du pays (sans tenir compte des disparités régionales). Alors que l’on compte une densité de 90,2 généralistes pour 100 000 habitants, on ne recense que 11,6 psychiatres hospitaliers, 7 psychiatres libéraux, 33,4 psychologues libéraux et 22,3 psychologues hospitaliers pour 100 000 habitants.
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