Vents porteurs pour les maisons de santé : plus de 1 300 congressistes ont pris leurs quartiers pour deux jours dans la ville portuaire du Havre, à l’occasion de la 13e édition des Rencontres annuelles des équipes coordonnées, organisée par AvecSanté (ex-Fédération française des maisons et pôles de santé). Plus de 18 ans après la création des premières maisons de santé pluri (MSP), la dynamique de ce modèle n'est plus à démontrer.
Dans une atmosphère amicale, le maire du Havre Édouard Philippe a dit tout le bien du travail en équipe et des MSP. Sa ville se veut d’ailleurs exemplaire dans ce mode d’exercice avec 13 MSP dans la communauté de communes (dont dix dans la cité normande). « On en est assez fiers, a glissé l’ancien Premier ministre. Cela s'explique à la fois par un terreau de médecins et de professionnels de santé qui ont une très grande culture du travail en commun et de l'organisation collective et par l'accompagnement des pouvoirs publics ».
S’adressant à une salle comble attentive (et au ministre en poste Yannick Neuder), le (déjà) candidat à la prochaine présidentielle a souhaité que la politique de santé puisse faire consensus. « L'affrontement politique fait partie du jeu de la démocratie, il ne faut jamais le refuser ni le craindre, a jugé Édouard Philippe. Mais sur certains sujets comme la santé, on arrive à mettre en place des politiques publiques puissantes, parce qu'elles sont justement très coordonnées et très poussées par toutes les forces politiques. »
Objectif 4 000 MSP en 2027
Un message que partage Yannick Neuder. Le ministre de la Santé s’est employé à apporter quelques garanties aux équipes coordonnées libérales, qui ont le vent en poupe. Le gouvernement poursuivra à cet effet le plan des 4 000 maisons de santé à l’horizon 2027. Avec 2 800 MSP sur le territoire (dont 1 744 en zone sous dense), l’objectif est atteignable même si le travail en coopération doit être davantage encouragé, ont rappelé les médecins sur place.
Yannick Neuder a d’abord promis un « décloisonnement » de la formation initiale, dès la première année d'engagement dans les études en santé. « J'ai créé en Rhône-Alpes un institut de formation en santé où on a mélangé aussi bien les paramédicaux que les étudiants en médecine, explique le ministre. Ils apprennent à travailler ensemble. Mais d'une façon générale, l’exercice coordonné ne se fait jamais dans la coercition, dans l'obligation de travailler ensemble. »
Autre mesure forte : faire des MSP des terrains de stage pour les futurs docteurs juniors de médecine générale, une demande récurrente. Dès 2026, quelque 3 700 docteurs juniors de médecine générale (en dernière année d’internat) devront trouver des terrains de stage. « Vous réunissez tous les critères pour pouvoir les accueillir ! », a lancé le ministre, qui réunira en séminaire les directeurs d'ARS sur ce sujet.
Ségur entend aussi inciter davantage les équipes autour de la prévention et de la promotion en santé. Des efforts devront être fournis en matière de vaccination et de dépistage des cancers. « On ne peut pas se satisfaire du taux de vaccination contre la grippe cette année ! Il est trop faible chez les patients cibles et chez les soignants », a déploré le ministre.
Durer un peu plus que trois ou quatre mois…
« Comment comptez-vous nous encourager à prendre ce virage ? », a lancé le Dr Pascal Gendry, coprésident d’AvecSanté. Pas de réponse très précise à ce stade mais Yannick Neuder a glissé que « pour réformer en profondeur le système de santé », il faut « une stabilité politique pour durer un peu plus que trois ou quatre mois ».
Les médecins jugeront donc sur pièces. La Dr Julie Bures, généraliste à la maison de santé du Bourg, à Octeville-sur-Mer, a salué ce soutien politique affiché. « La possibilité donnée aux MSP de pouvoir accueillir des docteurs juniors serait une avancée importante », note la médecin également maître de stage. Présent dans la salle, le Dr Didier Ménard, généraliste retraité, restait sur sa faim. « On n’attendait pas de grandes annonces mais la question reste de savoir si le système conventionnel tel qu’il existe peut accompagner les innovations. Moi j’ai des doutes. »
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique