La semaine dernière, Agnès Buzyn donnait une interview au mensuel Marie-Claire. Contraception, IVG, endométriose... la ministre y était interrogée notamment sur la santé des femmes. « Comment expliquez-vous que la parole des femmes sur la douleur ne soit pas toujours écoutée par le monde médical » ? Sur la douleur des femmes, notamment en gynécologie, la ministre de la santé a répondu que les médecins devaient être formés « à l’écoute et à l’empathie ». « Nous avons pris une série de mesures pour mieux former les professionnels. La réforme du 1er et 2e cycles d’études de médecine va permettre aux jeunes médecins de se confronter beaucoup plus tôt à l’expérience des patients(e)s ».
Cette sortie n’a pas manqué de faire réagir les médecins et notamment le Dr Dominique Thiers-Bautrant, gynécologue, dans un billet publié sur le site des syndicats FMF et UFML-S. Elle y souligne l’ironie de vouloir apprendre l’empathie au sein d’une formation qui en manque cruellement.
Rudesse des études
« La fac n’est pas un lieu de bienveillance, mais de contrôle et de sanctions. (…) si ces jeunes n’avaient pas la foi en leur futur métier chevillée au corps, si l’empathie ne faisait pas partie intégrante de leur âme dans l’immense majorité des cas, croyez-vous pouvoir trouver un espace quelconque au cours des études où ils pourraient " l’apprendre" ? », souligne la médecin. Elle ajoute que bien souvent les études de médecine permettent plutôt de désapprendre « ces qualités humaines pour les remplacer par des techniques de management, des process réglés ne tolérant aucun aléa, des comportements statistiques ».
La sortie de la ministre a également été peu appréciée par ses confrères sur les réseaux sociaux.
Formation à l’empathie, tout un programme! À quand un stage de bon sens, un DU de clairvoyance, voire un doctorat de gentillesse? Vraisemblablement, @agnesbuzyn a zappé le module du respect de ses pairs dans son cursus... https://t.co/HJyyAb4k6m
— Emmanuel Zenou UFML (@EmmanuelZenou) 29 avril 2018
#burnout soignants=preuve de leur #empathie et de l'intolérable pression qu'ils subissent inadéquation de la #gestion technocratique et administrative ingérence des #caisses: on ne peut plus soigner! Manque de temps, moyens, déremboursements, perte d'#indépendance @fredericbizard
— Luz Zitellu (@LuzZitellu) April 30, 2018
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