Après les cafouillages de communication, l’exécutif tente maintenant de désamorcer et rassurer.
Le gouvernement se prépare à d’éventuels délestages électriques sur le territoire pendant l’hiver. Un plan national pourrait être mis en œuvre et la Première ministre a diffusé aux préfets la semaine dernière une circulaire sur les mesures de préparation. Dans celle-ci, elle explique que « la nécessité de recourir à cette mesure reste fortement liée à l’aléa climatique (…) L’hypothèse de devoir recourir à ces coupures partielles et programmées ne peut être à ce jour ni exclue, ni confirmée : il convient donc de s’y préparer ».
Recours au 112
Mais depuis, les sorties dans les médias de certains membres de la majorité et des représentants d’Enedis ont provoqué la confusion, notamment concernant le cas des patients à haut risque vital (PHRV).
C’est d’abord Orange qui a mis en garde, dès la semaine dernière, contre un possible impact sur l’accès aux numéros d’urgence. En effet comme le signale la circulaire d’Élisabeth Borne, une des conséquences les plus significatives de l’interruption de la distribution électrique est l’interruption des communications électroniques.
« Dans ces périmètres, les usagers ne pourront pas joindre les services de secours (numéros d’appels d’urgence 15, 17, 18, 115, 196) », note la circulaire.
Dans cette situation, l’usage du 112 « sera un palliatif car il s’agit d’un numéro accessible quel que soit l’opérateur, donc avec des chances bien plus élevées que l’appel soit acheminé, dès lors que la zone d’émission serait couverte par au moins un opérateur », précise l’exécutif, assurant qu’une campagne de communication spécifique sera mise en place pour inciter à l’utilisation du 112.
Des visites à domicile
Lundi, c’est le porte-parole du fournisseur d’électricité Enedis, Laurent Méric qui détaillait sur BFMTV le protocole destiné à « prévenir et éventuellement aider » les quelque 4 000 (3 800) malades insuffisants respiratoires sous assistance qui pourraient se retrouver, le cas échéant, en zone coupée. Il expliquait ainsi que les PHRV n'étaient pas jugés prioritaires et pourraient donc subir des délestages. S'il doit y avoir des coupures, a-t-il expliqué, elles concerneront une zone entière soit « à peu près 2 000 clients sur deux heures maximum » et ne peuvent donc épargner un compteur spécifique.
Même s'il a aussitôt précisé que tout serait fait pour leur apporter une « garantie » de continuité des soins, ses propos ont été jugés « maladroits » par la Première ministre, contrainte d'assurer que les malades seraient « toujours pris en charge ».
La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher a, elle aussi, affirmé avoir « été contrainte de recadrer (Enedis) très directement. On ne commence pas à parler de patients qui ont besoin d’assistance vitale comme si c’était un produit ». Elle assure également qu’au-delà du recensement de ces personnes, « si les agents d’Enedis n’arrivent pas à les joindre, ils se rendent au domicile ».
En effet dans la circulaire adressée aux préfets, le gouvernement rappelait que les ARS sont en charge du recensement des PHRV et qu’ils doivent transmettre les listes aux gestionnaires de réseaux de distribution (Enedis ou ELD).
« En cas de délestage, l‘information des PHRV incombe à Enedis ou aux ELD, pour leur périmètre géographique de responsabilité. Les PHRV seront, donc, en premier lieu, contactées par Enedis (ou ELD), à partir de J-3 et jusqu’à J-2 pour s’assurer de leur information et de leur connaissance du signal EcoWatt rouge », détaille la circulaire. Enedis tiendra informée les ARS de toute situation particulière nécessitant une prise en charge adaptée. Les préfectures de leur côté, sur indication de l’ARS, sont en charge de l’organisation des éventuels déplacements des personnes.
Dans ses instructions aux préfets, la Première ministre leur demande également de mettre à jour par arrêté la liste des consommateurs qui ne seront pas délestables. « Outre les sites indispensables à la prise en charge dans les structures de soins, ils désignent des structures essentielles à la continuité de la vie de la nation », précise la circulaire.
Santé respiratoire France rassure les patients
« Tout est déjà organisé depuis de nombreuses années pour pallier de tels épisodes de coupures électriques. » Après la polémique, le président de Santé respiratoire France, le Dr Frédéric le Guillou se veut rassurant dans un communiqué à l’adresse des patients. « Je tiens à tranquilliser les personnes qui sont appareillées avec de l’oxygène, celles qui se trouvent sous assistance ventilatoire, y compris lorsqu’une alimentation électrique est nécessaire », écrit-il.
Pour l’oxygénothérapie, si le patient possède un concentrateur d’oxygène, une obligation légale est déjà imposée au prestataire pour qu’il fournisse au patient un obus d’oxygène liquide en réserve au domicile, rappelle-t-il. Il indique également que la plupart des patients sous oxygénothérapie, même en cas d’oxygène longue durée, ne l’utilisent que 15 heures à 18 heures par jour. « Il leur sera donc possible d’adapter leurs horaires de traitement si jamais une coupure de courant leur était signalée en amont. ». Pour les patients les plus sévères, ils sont en général placés sous oxygène liquide donc non reliés au courant électrique.
Idem pour les personnes sous ventilation non invasive pour lesquelles les traitements sont rarement délivrés en continu. Là encore il s’agira donc d’adapter les horaires aux coupures programmées. Les patients asthmatiques également pourront adapter les horaires de prise de leurs médicaments au moyen de leur nébuliseur hors créneaux de délestages. Pour les patients lourdement handicapés et qui nécessitent une ventilation non invasive de manière importante et continue voire sur trachéotomie, « il existe des batteries adaptées, capables de durer deux heures, au minimum », précise Santé respiratoire France. Enfin, pour les personnes équipées contre les apnées du sommeil, normalement aucune coupure nocturne n’est prévue pour l’instant.
« Pour mémoire, lors de la tempête Xynthia en 2010, des coupures de courant ont duré plusieurs jours dans certains secteurs géographiques. Or, les professionnels de santé n’ont pas constaté sur ces territoires de dysfonctionnement dans la prise en soins des patients respiratoires fragiles », rappelle le communiqué.
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