Alors que les médecins généralistes sont en première ligne pour lutter contre l’épidémie de coronavirus, les remplaçants eux aussi se mobilisent ou tentent de le faire.
En début de semaine sur Twitter, le Dr Agathe Pesci, remplaçante dans la région de Lyon, lance un appel qui résume le sentiment de beaucoup de remplaçants. Ils voudraient eux aussi participer à l’effort collectif mais peinent à trouver leur place.
Difficile de trouver sa place de soignant en tant que remplaçant... les remplacés travaillent, pas de bureau de dispo, les centre 15 (Rhône) n'ont pas besoin de renfort... quand on vous lit, on culpabilise et on veut aider... #Covid19France 1/2
— Agathe (@Gathou_LS) March 17, 2020
« On entend qu’il y a besoin de renforts au centre 15, à la régulation, mais j’ai envoyé un mail et on m’a répondu qu’ils avaient déjà trop de monde. » De garde dimanche dans une maison médicale de garde, elle se dit que la solution est peut-être là : ouvrir les MMG en journée. Elle tente alors de contacter l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes et l’Ordre pour lancer la dynamique mais sans succès. Finalement elle joint le Dr Pascal Dureau, généraliste à Vénissieux (Rhône) et très actif à l’URPS Aura pour s’organiser. « Je pense que c’était déjà un peu dans les tuyaux, et comme il a vu que nous étions motivés », explique le Dr Pesci. En 24 heures tout s’organise, les remplaçants de la région sont motivés et faciles à mobiliser. « Nous avons une trentaine de médecins remplaçants qui seront sur le tour de garde et une trentaine d’autres qui se sont proposés », détaille le Dr Pesci.
Des MMG ouvertes en journée
À partir d’aujourd’hui, une MMG de Lyon ouvrira donc sur des horaires de journée et des remplaçants y accueilleront, après régulation du 15, uniquement des patients suspectés d’être atteints de Covid-19. Dans d’autres régions, comme le Nord, cette solution est aussi en train d’être mise en place. La difficulté de départ était déjà de trouver le bon statut sous lequel ces remplaçants allaient pouvoir exercer. « Au niveau national, avec le ministère et l’Ordre des médecins, nous sommes en contact pour clarifier les conditions de remplacement et faire des dérogations sur les contrats », explique le Dr Laure Dominjon, présidente du syndicat des remplaçants ReAGJIR. « Les contrats de médecins adjoints et assistants (qui permettent d’exercer en même temps que le médecin remplacé), pourront être utilisés sur tout le territoire, et non plus seulement dans les zones déficitaires comme actuellement », précise-t-elle. C’est donc sous ce type de contrat, qu’exerceront les remplaçants de la MMG de Lyon. « Aujourd’hui nous nous heurtons à une nouvelle difficulté, trouver des médecins installés qui acceptent d’être remplacés sous ces modalités-là », souligne le Dr Pesci.
Une course de relais
Au-delà de ce genre de solutions qui se développent au niveau local, pour le Dr Dominjon, l’important est aussi de s’organiser dès maintenant pour préparer la vague qui va arriver. « Les remplaçants doivent se mettre en relation avec les médecins installés pour s’immobiliser et s’organiser dès maintenant. Notamment, il faut demander aux installés qui ne sont pas inscrits sur la liste de la permanence des soins, de régulation, dans des MMG, qui n’ont pas de service de téléconsultation, de s’en occuper pour que le remplaçant puisse le faire quand il le remplacera », précise-t-elle. Un remplaçant doit remplacer quelqu’un, même s’il exerce en même temps, donc légalement c’est le seul moyen, « et il n’y aura pas de dérogations là-dessus », insiste-t-elle.
Coucou twitter,
— Baptiste Beaulieu (@BeaulieuBap) March 19, 2020
On a besoin de médecins généralistes/remplaçants de Haute-Garonne volontaires pour assurer l’accueil des patients suspectés COVID 19 dans plusieurs unités de soins de proximité.
DM ouverts
RT appréciés.
Si à certains endroits, les appels aux remplaçants commencent à arriver, ils seront essentiels au fur et à mesure de l’évolution de l’épidémie. « Aujourd’hui cela tient à peu près au niveau ambulatoire, mais il faut pouvoir anticiper car progressivement nous allons avoir beaucoup de passages. Il faudra s’adapter au flux et sur la longueur », explique le Dr Dominjon. Notamment car de plus en plus de soignants commencent eux-mêmes a être infectés, les remplaçants vont donc jouer un rôle essentiel en deuxième vague. « Même quand le médecin installé est infecté, il pourra continuer en téléconsultation et le remplaçant prendre le relais au cabinet », avance notamment le Dr Dominjon.
Pareil en tant qu'internes en stage chez le prat, pour le moment non réquisitionnée... Je me dis que je reste chez moi et que je serais utile quand ceux devant seront épuisé. Ça va être une longue course, faudra se relayer !
— Lucie Garcin (@grn_lucie) March 17, 2020
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