Comme le soulignait Le Généraliste dans son numéro 2921, la crise sanitaire a mis les médecins sous le feu des projecteurs. Et pour cause, l’épidémie de coronavirus a trusté l'attention des journaux télévisés (JT), révèle une étude de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), dévoilée ce jeudi. Cette étude, qui s’est intéressée au « rôle majeur » joué par les chaînes de télévision généralistes dans la médiatisation de la crise sanitaire révèle ainsi que plusieurs médecins figurent parmi les personnalités étant le plus intervenues sur les sujets relatifs au Covid-19.
Deux MG dans les douze personnalités les plus vues, Raoult seulement 16e
On retrouve ainsi naturellement le ministre de la Santé Olivier Véran sur la plus haute marche du podium, avec 92 prises de parole* dans les JT du soir des grandes chaînes nationales (TF1, France 2, France 3, Arte et M6) sur la période étudiée (18 janvier - 3 juillet). Outre Olivier Véran, neurologue de formation, le premier praticien de la liste est le Dr Gérald Kierzek, urgentiste et consultant pour TF1 et LCI. Avec ses 55 interventions, il se classe quatrième, juste devant le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé. Lequel devance… Donald Trump.
Du côté des médecins généralistes, le Dr Damien Mascret (passé par la rédaction du Généraliste et désormais consultant sur France 2) domine le classement avec 37 prises de parole (9e personnalité ayant le plus intervenu). Le Dr Jean-Paul Hamon, président d'honneur de la FMF (il en était le président au début de l’épidémie), est le second omnipraticien à être le plus intervenu dans les JT du soir avec 26 prises de parole recensées.
L’INA souligne par ailleurs que le Pr Didier Raoult ne figure qu’à la 16e place (ex-aequo) du classement. Cela « laisse à penser que sa visibilité a été bien moindre sur les chaînes historiques que sur les chaînes d’information en continu, où sa médiatisation rivalise avec celle d’Olivier Véran », analyse l’institut. Une donnée qui tend à confirmer l’attrait de BFMTV, Cnews ou LCI pour le sensationnel, l'opposition.

Une couverture médiatique « inédite »
Cette omniprésence du corps médical sur les écrans est la conséquence d’une couverture médiatique inédite pour une épidémie. Ainsi, on apprend dans cette étude qu’entre le 18 janvier et le 3 juillet, 8 466 sujets ont été consacrés à l’épidémie de Covid-19 dans les journaux télévisés de 20 heures de TF1, France 2, France 3, Arte, et M6. Ce qui représente 50 sujets quotidiens en moyenne dans ces JT du soir, pour un total de 253 heures et 43 minutes (56 % de leur durée totale).
Après une médiatisation de « faible intensité » pendant le premier mois suivant les premiers sujets, l’intérêt de TF1, France 2 et consorts a augmenté soudainement après le premier décès en France d’un patient atteint du Covid-19. Rebelote le 12 mars, date à laquelle Emmanuel Macron s'était adressé directement aux Français pour leur annoncer de premières mesures de confinement. Puis pendant, les huit semaines de confinement, 80,5 % des journaux du soir sont consacrés à la pandémie ! « D’une manière générale, la santé représente habituellement une thématique relativement marginale dans les JT, loin derrière les sujets de société, de politique internationale et française, et d’économie. En année ordinaire, les journaux télévisés lui consacrent en moyenne 3,3 % de leurs sujets », observe l'Institut national de l'audiovisuel.
À titre de comparaison, en 2009, la pandémie de grippe A (H1N1) — épidémie la plus médiatisée avant 2020 — n’avait suscité que 1 089 sujets dans les JT. Le SRAS (2002-2003) avait quant à lui a fait l’objet de 319 sujets. Plus récemment l’épidémie de Zika n’avait, elle, été abordée que dans 61 sujets.
*Nombre de prises de parole dans les sujets traitant de la pandémie, quelle qu’en soit la forme (interview plateau, liaison par application en ligne, reportage, extraits d’allocution…) au 1er semestre 2020.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique