Impensable et inacceptable ! « L'absence d'accueil de docteurs juniors en centres de santé serait incompréhensible et une erreur stratégique (…) », s’alarment la Fédération nationale des centres de santé (FNCS, gestionnaires) et l’Union syndicale des professionnels des centres de santé (USPCS) dans une lettre ouverte adressée au ministre de la Santé Yannick Neuder.
Le courrier, courtois mais incisif, fait référence au cadrage ministériel de la réforme controversée de la quatrième année d’internat de médecine générale, dite « 4A ». Yannick Neuder avait évoqué, en marge d’un déplacement, la question des terrains de stage ambulatoires variés qui pourront accueillir les futurs généralistes pour cette quatrième année de DES de médecine générale. Si le ministre avait bien évoqué l’ouverture de lieux de stage en PMI ou en Ehpad, les centres de santé, eux, n’avaient pas été mentionnés. Une « mauvaise surprise » pour les gestionnaires et les praticiens des centres de santé. « Nous espérons qu’il s’agit d’un oubli », veulent-ils croire.
Plaidoyer pro domo
Pourtant, cette quatrième année d’internat a précisément pour objectif de « renforcer le cursus de médecin généraliste et de favoriser l'exercice de la médecine générale traitante et/ou de premier recours, en libéral mais aussi dans les centres de santé médicaux ou polyvalents », argumente le courrier d’alerte, rappelant que les centres de santé (municipaux, départementaux, associatifs, communautaires, etc.) sont plus de 900 en France et « en constante augmentation ».
Surtout, ajoutent les auteurs de ce plaidoyer pro domo, le cadre d’exercice des centres de santé « répond aux attentes d’une proportion croissante des jeunes professionnels de santé, et notamment de médecins généralistes », à savoir « un exercice salarié, coordonné, en équipe pluridisciplinaire, avec un engagement territorial et populationnel et dans un cadre limitant la charge administrative des soignants ».
Le message des gestionnaires et des médecins est clair : les centres de santé ont tous les atouts (maîtres de stage, locaux, moyens d’hébergement) pour bien accueillir dès 2026 les futurs docteurs juniors de médecine générale et le gouvernement aurait tort de s’en priver alors que les terrains de stage en libéral risquent de faire défaut.
La rémunération, l’autre épine
Enfin, la lettre à Yannick Neuder s’inquiète vivement (comme il y a deux ans) de la rémunération des futurs docteurs juniors de médecine générale, dont les modalités et le montant restent à arbitrer – le ministre de la Santé ayant seulement évoqué une part « fixe » et une part « variable » dépendante du volume de consultations. Pas question que les centres de santé soient lésés dans l’opération en proposant aux internes des stages beaucoup moins attractifs sur le plan financier que leurs confrères libéraux. « La rémunération à l'acte n'est plus l'unique modèle de rémunération des médecins généralistes traitants et elle ne répond pas aux attentes de l'ensemble des futurs médecins généralistes », recadrent les instances représentatives des centres de santé.
« Nous ne voulons pas d’un retour en arrière à la situation d’il y a deux ans », déclare au Quotidien le Dr Frédéric Villebrun, co-président de l’Union syndicale des professionnels de centres de santé (USPCS), qui souhaite discuter rapidement avec le comité de suivi d’une rémunération forfaitaire à la hauteur pour tous les jeunes qui feront leur stage en centre de santé.
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