Il n'y a pas que sur le tiers payant que les officinaux précèdent les médecins. Alors que le DMP patine, plus de 32 millions de Français ont ouvert un dossier pharmaceutique (DP), a annoncé lundi l'Ordre national des pharmaciens, sept ans après la généralisation du dispositif. "Toutes les pharmacies d'officine sont connectées", s'est félicitée Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l'ordre des pharmaciens (Cnop), lors d'un point presse au cours duquel elle a précisé que 1.000 connections avaient lieu chaque minute.
En cours de déploiement dans les établissements de santé, le DP est en outre utilisé dans près de "8% des pharmacies hospitalières", a-t-elle ajouté. A terme, les médecins hospitaliers pourront également consulter les DP de leurs patients, a espéré la présidente de l'Ordre, rappelant qu'une expérimentation de la direction générale de l'offre de soins (DGOS) en ouvrait déjà l'accès aux "urgentistes, anesthésistes et gériatres".
Utile essentiellement pour les patients "de passage" dans une pharmacie, le DP permet d'éviter les redondances ou la consommation de produits déconseillés, d'assurer la continuité des soins, ou d'éviter les interactions médicamenteuses responsables de milliers de décès chaque année.
Pour étayer son propos, l'Ordre s'est appuyé sur une étude du professeur Brigitte Vennat, doyenne de la faculté de pharmacie de Clermont-Ferrand, qui s'est intéressée à des médicaments délivrés sans ordonnance, contenant de l'ibuprofène ou de la pseudoéphédrine. Sur les quelque 12.160 dispensations observées "hors ordonnance", le pharmacien est "intervenu" dans 815 cas, par exemple pour empêcher des femmes enceintes de prendre de l'ibuprofène. Et dans 10% des cas, le pharmacien a été alerté par le dossier pharmaceutique. Un chiffre qui pourrait être plus élevé, la moitié des patients observés ayant oublié leur carte vitale, indispensable à la consultation d'un DP, a insisté Brigitte Vennat.
Le DP devait à l'origine alimenter le volet médicaments du dossier médical personnel (DMP), qui lui peine à se développer, avec seulement 565.209 dossiers recensés au 6 décembre. Avec la loi santé, le DMP doit passer dans le giron de l'Assurance maladie.
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