Qu’est-ce que la ROSP, pour l’immense majorité des généralistes qui a adhéré au paiement à la performance ? A l’issue de la première année du dispositif, fin 2012, les enquêteurs de la Drees ont posé la question aux praticiens de Paca, Pays-de-Loire et Bourgogne. Quelques 1904 médecins y ont répondu. Cette première étude de perception tombe à point nommé, alors que les généralistes ont jusqu’à vendredi pour remplir leurs items déclaratifs.
Elle montre que la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique est plutôt bien passée dans les mœurs de la majorité, mais que les médecins traitants n’en attendent pas de miracle. Pour 83% des praticiens interrogés, le dispositif est d’abord et avant tout une machine à faire des économies pour la Sécu. Les deux tiers (62%) concèdent tout de même que « les objectifs sont définis pour améliorer la prise en charge des patients ». Mais pour le reste, seuls 31% pensent que ce dispositif va améliorer leur pratique dans le champ des objectifs de la ROSP. Une proportion qui tombe à 14% pour espérer des retombées positives sur l’ensemble de leur pratique !
Un système de rémunération complexe
Cette enquête, montre aussi qu’à l’issue d’une première année, ce dispositif (encore assez inédit en médecine de ville même s’il avait été précédé par le CAPI) était vêcue comme complexe et simple à la fois. Dans l’enquête, un médecin sur deux déclarait avoir pris connaissance de la ROSP de manière rapide et un sur trois dans le détail. En tant que nouveau mode de paiement, elle laissait visiblement encore perplexe la grande majorité des praticiens. 80% d’entre eux la qualifiant de « système de rémunération complexe ». Cette perception a peut-être un peu changé depuis lors. Mais l’enquête montre que fin 2012, à quelques mois du versement de la première prime, les médecins généralistes évaluaient bien mal les gains potentiels attendus, la plupart sousestimant nettement ce qu’ils allaient recevoir pour cette première année de ROSP.
Des objectifs plutôt faciles
Autant le montage financier semble abscon aux médecins traitants, autant les objectifs ne paraissent pas les effrayer. A l’issue de la première année, 80% des médecins du panel pensaient en effet atteindre la majorité des 29 critères. Certains indicateurs semblent néanmoins plus inatteignables que d’autres, puisque seulement 2% des professionnels sondés estimaient pouvoir remplir la totalité des items. L’objectif antibiotiques (moins de 37 prescriptions d’antibiotiques pour 100 patients vus dans l’année) était ainsi perçu comme plus difficile que celui lié à la prévention cardio-vasculaire des patients diabétiques (75% d’entre eux traiter par statines) : 75% des médecins pensant relever le défi dans le premier cas, contre 85% dans le second.
Dernier constat opéré par la Drees. Les hommes semblent plus confiants que les femmes dans leur capacité à réussir ce nouveau contrat. De même, les praticiens qui ont adhéré auparavant au CAPI sont plus optimistes sur la probabilité de réussir avec ces nouvelles règles du jeu.
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