Les médecins libéraux étaient déjà remontés avant les fêtes de fin d'année mais les vœux du Président aux acteurs de la santé ont semble-t-il ajouté de l’huile sur le feu.
« Le retentissement du discours du président de la République sur les généralistes a été catastrophique », souligne le Dr Agnès Giannotti la présidente du syndicat MG France, évoquant un « sentiment de non-reconnaissance ».
Le syndicat qui tenait ce jeudi 12 janvier une conférence de presse de début d’année se dit donc prêt à hausser le ton. Il a été reçu cette semaine tour à tour par François Braun puis à l’Assurance maladie dans le cadre des négociations conventionnelles et le mot d’ordre est clair, les généralistes n’accepteront pas de nouvelles contraintes.
« L’idée générale que les avancées conventionnelles possibles seraient liées à de nouvelles contraintes, c’est pour nous inaudible », déclare le Dr Gianotti. « Ça veut dire que les généralistes n’en font pas assez ? Alors que nous sommes déjà à 57 heures par semaine ? Que l’on doit faire face au tsunami des maladies chroniques ? Que 40 % de la profession est à la limite du burn-out ? On ne peut plus continuer à nous parler de droits et de devoirs », s’agace-t-elle.
La généraliste parisienne évoque également les 40 % de généralistes de formation aujourd’hui qui ne sont pas médecin traitant « et qu’on ne va pas attirer en leur tapant dessus ». Le premier syndicat chez les généralistes annonce donc la couleur, si nouvelles contraintes il y a, la formation ne signera pas de nouvel accord conventionnel.
Création d'un acte complexe
Et MG France appelle également les pouvoirs publics à mettre les moyens et à « valoriser ceux qui font des choses ». Sans aller jusqu’aux tarifs demandés par d’autres formations, MG France souhaite notamment une « mise à niveau » du tarif de la consultation, pour suivre l’inflation, autour de 30 euros.
Pour valoriser la spécificité du travail de médecin traitant, MG France appelle aussi à la création d’un acte complexe pour la prise en charge des patients en ALD, à l’image de ce qui s’est fait pour la visite longue. La revalorisation du forfait médecin traitant et la pérennisation des aides pour l’embauche d’un assistant médical font aussi partie des revendications non négociables du syndicat.
Grand défenseur du statut médecin traitant et du parcours de soins, MG France ne voit pas non plus d’un très bon œil la proposition de loi Rist débattue actuellement à l’Assemblée.
« Nous avons la volonté de travailler avec d’autres professionnels de santé mais cette proposition de loi fait exploser le cadre de collaboration », estime le Dr Giannotti. Elle considère que le travail avec les IPA constitue l’avenir pour l’amélioration de la qualité des soins notamment mais qu’il nécessite de se faire « en binôme au plus près des patients », et pas comme cela est proposé dans le texte discuté.
Quant à l’accès direct aux orthophonistes ou aux kinés, « ils ne sont pas assez nombreux donc cela ne sert à rien, nous n’arrivons déjà pas à avoir un accès indirect », avance-t-elle.
« Aujourd’hui il y a une ambiguïté entre souplesse et dérégulation. La souplesse c’est travailler ensemble en coordination, la dérégulation c’est chacun fait n’importe quoi dans son coin », ajoute-t-elle.
Vers une mobilisation commune ?
Sur tous ces sujets, le syndicat attend donc un signe fort des pouvoirs publics dans les semaines à venir. Faute de quoi, MG France se dit prêt à muscler sa réponse.
La formation évoque notamment le retour des vendredis de la colère mais aussi une possible convergence avec les autres mobilisations et notamment celle de Médecins pour demain.
Même si le syndicat ne n'adhérait pas forcément à tous les mots d’ordre du collectif, la consultation à 50 euros en particulier, « nous partageons les constats : sur le manque de moyens, sur les contraintes toujours à l’ordre du jour, etc. », souligne le Dr Giannotti. « Si nous voyons que la négociation n’avance pas nous n’excluons absolument pas d’aller vers un mouvement de grande ampleur », conclut-elle.
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