Les jeunes veulent faire bouger les choses et surtout leurs revenus de demain. Plus de forfaits et fin de la toute puissante logique de l’acte, la nouvelle génération réclament la diversification de la rémunération. C’est en tout cas ce que souhaite ReaGJIR (regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants). Vieillissement de la population, chronicisation des pathologies... les jeunes généralistes dressent ce constat :« La rémunération à l’acte seule ne correspond pas à la mutation de notre exercice ».Le Conseil d’administration du syndicat s’est donc réuni pour faire des propositions sur ce sujet.
A chaque type d’exercice son forfait le plus adapté. Pour ReaGJIR, les nouveaux modes de rémunération leur semblent opportuns pour les structures pluridisciplinaires. Pour le médecin seul et les confrères en groupe, si le syndicat estime que la ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique) est la modalité la plus adaptée, ses critères méritent, selon lui, d’être diversifiés.
Booster la ROSP
Un bon outil mais largement imparfait. C’est en effet un peu l’appréciation de ReaGJIR sur la ROSP. Le syndicat pointe les lacunes du dispositif, particulièrement pour la population qu’il représente: les jeunes installés, les collaborateurs et les remplaçants. Il fait donc pas moins de 13 propositions pour l’améliorer. Plusieurs d’entre-elles plaident pour un calcul de ROSP qui prenne davantage en compte les réalités particulières de chaque médecin. A l’heure actuelle c’est à la première installation que démarre le calcul de la ROSP. Quand le médecin change de lieu d’exercice et de bassin de vie, les calculs ne sont pas actualisés. Une situation dénoncée par ReaGJIR qui réclame une mise à jour de la patientèle « médecin traitant » en fonction des lieux d’exercice, tout au long de la carrière.
[[asset:image:6211 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Pour les jeunes, les critères de la ROSP sont trop rigides et ne prennent pas assez en compte les cas particuliers. Ainsi des praticiens qui exercent en zone touristique et ont une faible population "médecin traitant", de ceux qui partent à l’étranger et perdent cette même population, ou de ceux qui exercent à temps partiel. Le syndicat demande donc la création d’une commission d’adaptation que ces médecins puissent saisir pour faire valoir leur situation. Les jeunes semblent vouloir faire primer un peu plus le qualitatif sur le quantitatif avec la ROSP. Ils proposent ainsi de supprimer la pondération entre patientèle réelle et patientèle de référence, pour que les médecins ayant moins de patients mais remplissant mieux les objectifs ne soient pas pénalisés. Une façon, à leurs yeux, de tendre réellement vers l’intention première et affichée de la ROSP: améliorer les pratiques.
Plus adaptée à l’évolution de la pratique
L’évolution de la médecine générale doit aussi rentrer en compte, selon eux. Les jeunes médecins s’accordent pour affirmer que les pathologies chroniques et la prévention ont changé la pratique et augmentent la nécessité de la coordination autour du patient (rappel de patients pour les vaccinations, contacts rapprochés avec les correspondants). ReaGJIR veut donc la création d’un item « adjoint de prévention » pour valoriser une tâche supplémentaire de la secrétaire médicale. Autre évolution dans l’air du temps: les médecins se tournent de plus en plus vers l’exercice groupé; le syndicat propose donc de mettre en commun dans un cabinet de groupe la rémunération liée aux items d’organisation des soins.
Prendre en compte remplaçants et collaborateurs
Toujours dans l’optique de prendre en compte la diversité de la profession, ReaGJIR plaide pour l’ajout de plusieurs critères dans la ROSP pour valoriser davantage certaines activités des médecins. Les jeunes médecins veulent que soient reconnus notamment, l’implication dans la recherche en soins primaires, l’encadrement des stagiaires, la participation effective à la permanence des soins ambulatoire.
Et évidemment l’organisation qui représente les jeunes généralistes et les remplaçants n’oublie pas ces deux catégories. Par exemple, elle demande la création d’une ROSP spécifique aux remplaçants avec des indicateurs qui leur correspondent comme la participation à la permanence des soins ou le remplacement en zone fragile.
De nouveaux forfaits
La réflexion de ReaGJIR sur les modes de rémunération ne s’arrête pas à la ROSP. Le développement des forfaits et la création de nouveaux est aussi un levier d’action pour le syndicat.
[[asset:image:6216 {"mode":"small","align":"right","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Il s’agit pour ses animateurs de tenir compte des évolutions de la pratique, et de nouvelles tâches qui sont de plus en plus le quotidien du médecin. ReaGJIR suggère notamment d’augmenter la part forfaitaire dans la rémunération du médecin, de majorer le forfait ALD, de créer un acte côté « Consultation Longue = CL », ainsi qu’un forfait multi-morbidité ou l’ajout d’une cotation pour la prise en charge de la réfection de pansement. Il souhaite aussi que la grille de Classification Commune des Actes Médicaux soit davantage connue et diffusée. Ce n’est pas tout : ReaGJIR pointe encore cette iniquité dont sont victimes les remplaçants qui ne touchent pas aujourd’hui la MPA (Majoration Personnes Agées). Pour leur permettre d’accéder à cette rémunération, ReAGJIR propose de promouvoir l’utilisation de la carte CPS du remplaçant.
Pour donner aux soins primaires la place qu’il mérite, le syndicat soutient la création d’un fonds public qui lui soit destiné et suggère que l’utilisation des budgets des programmes SOPHIA et PRADO soit redirigé vers les soins primaires, dans le cas où leur évaluation ne démontrait pas leur intérêt. Redonner son poids au généraliste dans la société passe aussi pour le syndicat par la prévention. Il suggère donc que le médecin s’engage par contrat à effectuer un certain nombre d’actions de prévention, dans les écoles par exemple, rémunérés par forfait ou salaire.
On le voit, les jeunes généralistes ne manquent donc pas d’idées sur la façon dont ils veulent être payés demain. Ils attendent que la rémunération prennent davantage en compte la diversité de la profession et l’évolution de ses pratiques. Le moment est-il opportun pourt faire bouger les choses ? En tout cas, le syndicat ne boudera pas la "Grande Conférence de santé" de janvier prochain. Et d’ici là, il compte porter ses propositions jusque chez le directeur de la CNAMTS, Nicolas Revel.
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