« Nous nous inscrivons dans une voie positive et constructive », a martelé le président de la CSMF, Dr Franck Devulder, lors d’une conférence de presse le 24 mai. En opposition à ceux qui appellent à un déconventionnement collectif et à des grèves, le syndicat du gastro-entérologue rémois opte pour une position médiane. « La bonne méthode aujourd’hui, c’est de se retrouver deux par deux, en imaginant des dispositifs atteignables. Nous avons beaucoup de points d’accord avec les autres syndicats ». Le praticien cite comme exemple la hiérarchisation des consultations, mesure phare de son syndicat, « avec MG France et Avenir Spé, à trois, on signe ! »
Résolument déterminé à être force de proposition dans les prochaines discussions avec la Cnam, le Dr Devulder a fustigé – sans les citer nommément – les initiatives de Médecins pour demain : « chez les libéraux, ce n’est pas dans la rue que ça va se jouer ». Le Dr Devulder ne s’associe pas à l’appel de fermeture des cabinets. « Nous ne manifesterons pas le 9, car la loi sera examinée le 12 », a-t-il argumenté. « Nous n’avons pas aujourd’hui d’opposition franche à la proposition de loi Valletoux, dont le texte est loin de celui porté par Thomas Mesnier. L’histoire d’obligation de joindre une CPTS n’est pas tenable, elle va sauter. La réelle interrogation porte sur les amendements du groupe partisan, mené par Guillaume Garot et Philippe Vigier », a-t-il ajouté.
Une reprise des négos après l’été ?
Mais quant à l’horizon des prochaines discussions, le président de la CSMF s’est montré réservé sur une date proche. « Les négociations ne vont pas commencer avant l’été », a-t-il affirmé. La lettre de cadrage arrivera-t-elle au début ou à la fin du PLFSS 2024 ? Aucune certitude de ce côté. Le Dr Devulder affirme que Thomas Fatôme souhaite travailler sur une autre méthodologie, territoire par territoire, « n’est-ce pas une copie du CNR santé ? », ironise-t-il au passage. « Nous n’avons pas vraiment eu affaire à de véritables négociations », a regretté le Dr Devulder, appelant la Cnam à faire confiance aux médecins pour travailler plus sereinement.
Côté propositions, la CSMF ne change pas de cap : consultation de base à 30 euros pour tous, sans conditions – comme le porte MG France – et hiérarchisation : 60 euros pour les consultations en médecine générale des patients en ALD (trois fois par an pour les plus de 80 ans et deux fois par an pour les moins de 80 ans) et l’expertise médicale ; 75 euros pour les nouvelles consultations complexes (comme celles des psychiatres et neurologues) ; et 105 euros pour les consultations exceptionnelles comme celles de prévention ou multidisciplinaires, avec un IPA par exemple. Le coût pour l’Assurance maladie serait d’1,7 milliard d'euros par an.
Un plan à 2,36 milliards d’euros
La CSMF propose également un forfait d’engagement populationnel collectif sur des critères valorisables par points (exercice coordonné, PDSA etc.) ; une majoration spécifique en ZIP (MSZ) ; un forfait santé publique avec une nouvelle formule « repensée et simplifiée » ; une réduction du temps de formation des assistants médicaux pour les déployer plus rapidement dans les cabinets etc. Globalité de ce « choc d’attractivité » : 2,36 milliards d’euros.
Une somme nécessaire selon lui pour combattre notamment l’inflation. Entre 2010 et 2019, « les revenus des médecins n'ont augmenté que de 2,5 points », rapporte le Dr Devulder, s’appuyant sur des données de la Carmf, qui « contredisent les diapositives de l’Assurance maladie ».
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