Vous démarrez un nouveau cycle de recherches sur les maisons de santé. Sur quoi vont porter vos travaux ?
Julien Mousquès Nous allons nous pencher sur l’impact de la localisation géographique des MSP sur la démographie des médecins et autres professionnels de santé, ainsi que sur leur valeur ajoutée pour les patients et le système de santé. L'enjeu sera également de qualifier ces organisations. Derrière le terme de MSP se cache une grande hétérogénéité de structures, au-delà de ce qui les rapproche. C'est dans le cadre de l’Accord conventionnel interprofessionnel (ACI) signé l'an passé que nous entamons cette série de travaux.
Existe-t-il un modèle plus efficient, plus rentable qu'un autre ?
J. M. Faute de données, nous ne sommes pas capables d'identifier un modèle idéal. Les évaluations passées ont dévoilé trois archétypes de maisons de santé, avec un niveau d’intégration et de coordination différent. Si elles ne se distinguaient pas en termes de qualité de soins et de services, leurs productivités, dépenses et recours aux soins pour les patients divergeaient. Ces données seront cependant à mettre à jour.
Selon vous, sommes-nous à une période clé du développement des MSP ?
J. M. Le nombre de MSP ne cesse de croître. Fruit d'une démarche professionnelle et politique, ce développement se caractérise par une période charnière. Le gouvernement a annoncé un doublement des maisons de santé à l'horizon 2022, mais j'insiste sur la nécessité de qualifier ces structures et de séparer le bon grain de l’ivraie.
Quels seront les leviers à activer pour encourager la création de maisons de santé ?
J. M. D'abord, la volonté professionnelle et politique, qui est déjà là. Ensuite, le mode de rémunération. L'acte reste ultra-majoritaire pour les généralistes comme les autres professionnels de santé travaillant en MSP. Il doit être davantage associé à d’autres modes forfaitaires, pour pouvoir favoriser le travail pluriprofessionnel.
Les frontières professionnelles constituent un autre frein. Ce qui peut être fait par des professionnels de santé autres que les médecins reste à définir.Même s'il y a un développement de l’universitarisation de la formation d’infirmier et une volonté d’aller vers des démarches de pratiques avancées, sur le terrain, les configurations de ce genre sont peu nombreuses. Seul l’accord ACI est là pour faciliter la coordination au sein des MSP. C’est un vrai support de base mais il devra être complété par des rémunérations substitutives, comme le forfait. Les maisons de santé iront peut-être dans cette direction à l'avenir.
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