Même pas le temps de fêter son élection, le 22 mars dernier. à peine adoubé, Jean-Paul Ortiz, le nouveau président de la CSMF, s’est déjà mis au boulot. « Tout va très vite », avoue, souriant, ce médecin de 57 ans, plébiscité par ses pairs qui ont voté pour lui à 75% !
À quoi doit-il son succès ? Le néphrologue, qui travaille dans une clinique à Cabestany, pas loin de Perpignan, dans les Pyrenées-Orientales, se définit avant tout comme un homme de terrain. Président de l’URPS Languedoc-Roussillon, c’est cet ancrage territorial qui lui aurait valu, selon lui, d’avoir remporté la mise contre son ancien rival, Jean-François Rey, pourtant initialement donné comme favori. Mais Jean-Paul Ortiz tient également à mettre en avant sa volonté de rester dans le sillage de son prédécesseur : « Je reste dans la continuité ». Pas bavard, l’homme, d’une extrême gentillesse, a le sens des priorités qu’il exprime à travers des phrases courtes et claires.
Priorité à la revalorisation tarifaire
Au-dessus de la pile de dossiers qu’il devra affronter, le nouveau président de la CSMF a placé la revalorisation tarifaire. « On ne peut pas s’inscrire dans la stratégie nationale de santé (SNS) si la médecine libérale n’a pas les moyens d’assumer ses missions », explique-t-il, tout en évoquant l’évolution de la charge de travail, de plus en plus lourde, ainsi qu’une demande des patients plus exigeante et des coûts de fonctionnement des cabinets qui montent en flèche.
Le néphrologue reprend donc la revendication du président de l’Unof Luc Duquesnel : le C à 25 euros. « Il faut que la grille tarifaire démarre au minimum à ce montant », dit-il. Un sujet qu’il compte bien évoquer lors de son prochain entretien en face-à-face avec Marisol Touraine. Pour l’anecdote, la ministre de la Santé et le nouveau patron de la Conf’ se sont déjà parlés au téléphone dès samedi, jour de son élection. Ils devaient se rencontrer mercredi soir lors du « passage de témoin » organisé par la CSMF qui fera ses adieux à Michel Chassang, élu, par acclamation, président d’honneur du syndicat.
Les priorités du nouveau président ont été traduites dans trois motions adoptées à l’unanimité lors de l’Assemblée générale de dimanche dernier. En plus de l’ouverture d’une négociation tarifaire courant 2014, le syndicat réclame également une évolution de la CCAM clinique. « Notamment pour les actes lourds et complexes, la valeur des actes ne peut pas rester celle de base », souligne son président. Autre revendication : que la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique (ROSP) soit étendue aux autres spécialités, en priorité aux pédiatres et aux endocrinologues.
Retour de la PDS dans le champ conventionnel
La permanence des soins fait aussi partie des priorités du syndicat qui réclame son retour dans le champ conventionnel. La CSMF reste opposée à la généralisation du tiers payant « tel qu’il est envisagé » et propose des dispositifs et alternatives, comme les « cartes de paiement à débit différé santé ».
Ensuite, dans le cadre de la prochaine refonte des contrats solidaires responsables, le syndicat demande que les compléments d’honoraires des médecins signataires du Contrat d’accès aux soins (CAS), soient « pris en charge » par les organismes complémentaires. Enfin, Jean-Paul Ortiz affirme « faire confiance à l’UNPS pour mener la négociation interprofessionnelle sur la rémunération du travail en équipe » qui doit avoir lieu début avril. Retrouvera-t-on son ancien rival qui est encore (au moins pour l’instant) président de l’UNPS en première ligne ?
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