C’est peu dire que les intentions estivales du gouvernement, à la recherche de 40 milliards d’euros d’économies dans la sphère publique d’ici à la mi-juillet, suscitent remous et inquiétudes dans plusieurs secteurs, dont celui de la biologie médicale. Craignant de faire à nouveau les frais de coups de rabot tarifaires unilatéraux, le syndicat des biologistes (SDBIO) met les pieds dans le plat, récusant la thèse d’une spécialité bien lotie, où se nicheraient de nouveaux gisements d’économies.
« Malgré nos efforts pour mettre en avant les compétences et l’expertise des biologistes en matière de prévention, de dépistage et d’optimisation des parcours de soins, les autorités (…) nous renvoient systématiquement à l’image d’une profession privilégiée, supposément trop rémunérée », attaque l’organisation syndicale. Qui s’attache à démonter « les clichés » qui collent à la peau de la spécialité. Le message ? Les biologistes ne sont pas des nantis, profitant chaque année de substantiels gains de productivité, et leur spécialité est au contraire « menacée d’effondrement ».
Tournant
Le syndicat SDBIO rappelle l’historique récent. La biologie médicale a pris de plein fouet la nouvelle baisse unilatérale de ses tarifs décidés par la Cnam en septembre 2024. « Un tournant sans précédent », puisqu’en deux ans, les « tarifs ont chuté de 18,3 %, dont 13,2 % pour la seule année 2024 », se désole l’organisation présidée par François Blanchecotte. Pour mémoire, la décision de la caisse avait donné lieu à un bras de fer s’étalant sur plusieurs mois, avant de trouver une résolution in extremis à Noël. Auparavant, les tarifs avaient déjà été rabotés de 20 % entre 2014 et 2022…
« Aucune autre spécialité n’a enduré un tel traitement », insiste SDBIO. Des choix d’autant plus injustes, selon le syndicat, que la biologie médicale ne représente que 1,4 % du budget de la Cnam, soit 3,8 milliards d’euros sur 259 milliards.
Les laboratoires de biologie égrènent leurs arguments chiffrés et les réformes engagées, preuve à leurs yeux de l’efficience du secteur : 500 000 patients accueillis chaque jour, 100 millions de feuilles de soins électroniques traitées chaque année, un tiers payant généralisé, des délais de rendu « extrêmement courts », l’accréditation de la totalité des examens selon des normes exigeantes, ou encore la suppression de certains actes pour améliorer la pertinence des prescriptions (vitamine D, fonction thyroïdienne, PSA libre). Pourtant, c’est dans ce contexte que la profession a dû faire face à une « succession de chocs économiques », parmi lesquels l’inflation, les coûts de l’énergie et des matières premières.
Des profits exceptionnels pendant le Covid mais…
La spécialité reconnaît volontiers que le « dépistage massif » pendant la période Covid a généré des « profits exceptionnels », mais, insiste le syndicat SDBIO, ces gains sont « non reproductibles ». Les bénéfices ont permis de « rembourser les dettes contractées » et de « favoriser les regroupements », peut-on lire dans l’argumentaire. Mais surtout, alerte l’organisation, il n’existerait plus de leviers de productivité et d’efficience liés à la concentration des laboratoires ou à l’automatisation des examens « déjà poussée au maximum », arguments souvent avancés par la Cnam pour justifier la baisse des tarifs.
Le syndicat critique également l’indicateur financier de rentabilité, jugé « trompeur et réducteur », retenu par la Cnam, en l’occurrence l’Ebitda, qui qualifie le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement. Cet indicateur « ne tient pas compte des investissements massifs nécessaires, ni des charges financières ou fiscales particulièrement lourdes dans notre secteur », argumente François Blanchecotte, qui s’inquiète plutôt de la division par deux du taux de marge nette (attendu autour de 5 ou 6 % pour 2025).
Conclusion du syndicat : il est urgent de « repenser la politique tarifaire et conventionnelle » encadrant la biologie médicale, spécialité qui « ne constitue en rien un luxe ou un excès du système de santé français ».
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