« J’en suis sûr, nous allons tous ensemble écrire l’histoire ». C’est par ces mots que le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S a conclu son discours d’ouverture des Assises du déconventionnement ces 3 et 4 mars à la Cité universitaire de Paris.
Cela fait plus d’un an que le syndicat de médecins a lancé ce projet d’Assises. Mais alors qu’elles étaient initialement prévues à l’automne, elles tombent finalement à point nommé quelques jours après l’échec des négociations conventionnelles.
« Nous les avons reculés car nous sentions bien que la convention ne serait pas signée », confie le président de l’UFML-S.
Pendant deux jours, les médecins sur place et à distance, plus de 1 700 inscrits au total, vont tout savoir sur la convention et surtout le déconventionnement.
« Nous allons donner des renseignements aux médecins sur ce qu’est le déconventionnement : les avantages, les inconvénients, les risques, les bénéfices », liste le Dr Marty.
Une fenêtre historique
Et si aujourd’hui le nombre de médecins « non conventionnés » en secteur 3 tourne autour de 800 médecins, le contexte actuel semble pousser de plus en plus de praticiens à s’intéresser à la démarche.
« Ces Assises sont là pour reconnaître qu’aujourd’hui des dizaines de milliers de médecins ne se reconnaissent plus dans la convention », souligne le Dr Marty.
« Nous sommes conventionniste, ajoute le vice-président du syndicat le Dr David Schapiro, mais la convention est un partenariat et les médecins ne se reconnaissent plus dans celui actuel. Engager le déconventionnement se ferait à contrecœur mais nous sommes dans un système qui nous tue. Nous voulons une médecine de qualité, que le patient soit correctement soigné, pas une médecine de la rustine ».
Suite à l’échec des négociations, et avec le contexte démographique actuel, les intervenants de ces Assises sont persuadés qu’une fenêtre historique s’ouvre pour ce mouvement de déconventionnement.
«On a le droit aujourd’hui de gagner sa vie honnêtement et de supprimer ce paradoxe insupportable qui est : meilleur vous êtes, plus engagés vous êtes et moins vous gagnez votre vie, plus vous souffrez », s’émeut le Dr Didier Legeais, président du syndicat national des chirurgiens urologues de France et vice-président de l’Ordre des médecins d’Isère.
Un moyen de pression
Face au ras-le-bol des médecins et plutôt qu’un déconventionnement individuel sauvage, le syndicat revendique le fait de vouloir donner les informations nécessaires aux praticiens pour « leur offrir cette possibilité de choix sur leur avenir, ne pas les laisser seuls dans la nature », détaille le Dr Marty.
Et les questions pratiques de la salle sont multiples : « l’Assurance maladie continue-t-elle à nous fournir le Cerfa, les tests d’angine etc », « si je suis en secteur 3 et réquisitionné pour la PDSA, sur quels tarifs suis-je payé », « peut-on continuer à être maître de stage », « est ce que le médecin remplaçant adopte le secteur du médecin remplacé » …
Même si les participants à ces assises sont déjà tentés par l’idée, les interrogations sont encore nombreuses. Mais à l’issue de ces deux jours, le but est donc de lancer un processus de « déconventionnement collectif ».
Critiqué médiatiquement, notamment par le directeur de l’Assurance maladie pour cette initiative, le syndicat veut en réalité utiliser cette menace du déconventionnement comme moyen de pression.
« On ne va pas se mentir, c’est un moyen de lobbying par rapport aux politiques ».
Objectif :15 000 déconventionnés
Le syndicat veut recueillir des promesses d’engagement de déconventionnement des médecins, territoire par territoire, profession par profession. Elles seront ensuite déposées chez un huissier.
« Une fois qu’on atteint un gap sur chaque territoire, environ 15-20 % des médecins, on revient vers eux pour voir s’ils maintiennent ou pas », détaille le Dr Marty.
Au niveau national, l’UFML-S se fixe la barre des 15 000-20 000 médecins avant d’aller voir les pouvoirs publics avec ces promesses de déconventionnement.
« Nous allons voir les responsables politiques pour leur dire : voilà, qu’est-ce que vous faites pour maintenir ces médecins dans le système ? »
« La balle sera dans le camp du gouvernement qui doit mettre les moyens nécessaires ou pas », estime le Dr Marty.
Parallèlement, le syndicat explique que des discussions s’engageront avec les politiques mais aussi les complémentaires pour organiser, le cas échéant, ce déconventionnement et notamment le remboursement des patients.
Le syndicat table sur le moyen terme et se donne de « 12 à 18 mois » pour atteindre les 15 000 promesses de déconventionnement.
« Face à nous, nous avons des financeurs et des politiques. Cela a donc plus de poids si on y va à plusieurs », argumente le Dr Marty.
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