La rentrée du SML commence sur les chapeaux de roues. Pour sa conférence de rentrée, qui a eu lieu ce jeudi 8 septembre, l'organisation syndicale, présidée par le Dr Philippe Vermesch, a donné le cap pour les prochains mois.
Et le prochain rendez-vous, auquel le syndicat répondra présent, s'annonce être la Conférence des parties prenantes, qui doit commencer au mois de septembre et s'étaler jusqu'à décembre.
« Nous redoutons qu'il s'agisse d'une manœuvre de diversion »
« Au départ, nous n'étions pas convaincus de la forme que prendrait cette nouvelle initiative (...). Mais nous avons finalement décidé d'y aller pour aborder la question essentielle de l'accès aux soins dans les territoires », a annoncé le Dr Philippe Vermesch, lors de la conférence de presse.
Pour autant, le président de l'organisation syndicale s'interroge « sur cette démarche dont les résultats seront connus après le début des discussions du PLFSS 2023 ». « Nous redoutons qu'il s'agisse d'une manœuvre de diversion », a commenté le Dr Philippe Vermesch.
Cap sur la nouvelle convention 2023-2028
Après un bref retour sur la mission flash sur les urgences et les soins non programmés (SNP), le Dr Philippe Vermesch a abordé la question de la nouvelle convention médicale sur laquelle syndicats et Assurance maladie travaille officieusement « depuis octobre dernier ».
Lors de son intervention, le stomatologue s'est montré clair. « La nouvelle convention devra marquer une rupture et engager des moyens forts permettant de répondre à la situation d'urgence dans laquelle se trouve la médecine libérale de ville (...) ».
Il a d'ailleurs profité de cette rencontre avec les journalistes pour dévoiler sa version idéale de la convention médicale 2023-2028.
« C'est un projet qui commence à être abouti, avec des chiffres qui laisse peut-être sujet à caution. L'objectif est d'arriver, en croisant les versions des autres syndicats, à un document finalisé que l'on présentera à l'Assurance maladie au moment du début des négociations fin octobre. »
Défiscaliser dans les déserts médicaux
Dans ce document, le praticien appelle, de ses vœux, à une « transformation de l'exercice libéral » et énumère l'ensemble des mesures qui devront, selon lui, figurer dans la nouvelle convention.
Parmi elles, le praticien prône la défiscalisation (hors cotisations Carmf), pendant 10 ans, de tous les médecins libéraux « qui exercent ou s'installent dans les zones sous-denses ».
« Si les médecins s'installent dans des déserts médicaux, il faut qu'ils aient un avantage à le faire ! Alors évidemment, je ne dis pas qu'il faut passer la France entière en zone défiscalisée mais il y a quand même des zones où il n'y a vraiment personne », a-t-il avancé.
Le praticien s'est également positionné en faveur de la création d'un secteur conventionnel « avec un espace de liberté tarifaire permanent après 3 ans d'activité libérale en zones sous-denses ». « Les patients seraient remboursés strictement pareil en fonction des secteurs », a-t-il précisé.
Autre mesure plébiscitée par le syndicat : le développement du médecin volant. « Cette mesure consiste à ce qu'un spécialiste se déplace une fois par semaine dans une zone sous-dense pour des consultations », détaille le Dr Philippe Vermesch.
Recours aux médecins retraités
Pour garantir l'accès aux soins, l'organisation syndicale mise également beaucoup sur les médecins retraités et milite pour la suppression de toutes les cotisations sociales des médecins retraités actifs, ainsi que pour la création d'un statut de médecin retraité remplaçant.
« Cela permettrait de maintenir une activité à temps très partiel, capable de soulager les médecins en zone déficitaire et de sécuriser l'installation des jeunes remplaçants », a argumenté le Dr Philippe Vermesch.
En ce qui concerne l'installation des jeunes médecins, le SML défend l'idée d'une simplification du parcours d'installation avec un contrat unique dans les zones sous-dotées.
Le syndicat appelle par ailleurs à ce que les Équipes de soins coordonnées avec le patient (ESCAP) deviennent le socle de la coordination clinique entre professionnels de santé libéraux.
Logiques de prévention
Se présentant comme « un syndicat précurseur en matière de prévention », le SML réclame de réunir les ROSP actuelles « trop complexes » en une unique ROSP « qui englobe l'ensemble de la prévention ».
« Cette ROSP aurait une quinzaine d'indicateurs (obésité, tabac etc.) et s'appliquerait à l'ensemble des spécialistes et des secteurs », a-t-il défendu.
Le Dr Philippe Vermesch préconise par ailleurs la mise en place de consultations de prévention aux âges clés de la vie, ainsi que l'instauration d'une consultation de prévention pour prévenir le burn-out des soignants.
Enveloppe de 10 milliards d'euros sur 5 ans
Déplorant qu'aucune revalorisation de la consultation de base n'ait été engagée depuis 15 ans, le Dr Philippe Vermesch a estimé que la revalorisation des actes médicaux était « l'une des priorités » pour la nouvelle convention.
« Au terme de cette convention, en 2028, tous les tarifs devront être égaux ou supérieurs à la moyenne européenne », a-t-il indiqué.
Sur cinq ans, le SML a budgété un investissement de 10 milliards d'euros pour cette nouvelle convention.
« L'essentiel portera sur les deux premières années (avec respectivement 3 milliards d'euros engagés en 2023 et 2024, ndlr) de façon à accélérer la transformation et à adresser un signal positif à la profession », a-t-il conclu.
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