Ce n'est pas une nouveauté, la France est en pleine désertification médicale et de plus en plus de Français peinent à trouver un médecin. Et selon les dernières projections de la Drees, cette chute de la démographie médicale devrait se poursuivre jusqu'en 2027. À cette date, l'Hexagone devrait compter près de 30 % de généralistes libéraux de moins qu'en 2012.
Perçues par leurs patients, les difficultés d'accès aux soins le sont aussi par les praticiens eux-mêmes. Ainsi, selon une enquête de la Drees*, près de sept omnipraticiens sur dix (68 %) estiment que l’offre de médecins généralistes sur leur territoire est « insuffisante », dont 22 % la jugent même « très insuffisante ». Une part qui double quand on analyse les réponses des seuls médecins exerçant en zone sous dense.
L’enquête révèle également que les médecins exerçant dans les zones les plus fournies en praticiens partagent ce sentiment. L’optimisme n’est pas de mise pour les années à venir, puisque près de huit médecins de famille sur dix (79 %) s’attendent à une baisse de l’offre de soins sur leur territoire.
Des difficultés pour trouver des spécialistes
Conséquence directe de ces tensions démographiques : 80 % des généralistes confient avoir des difficultés à répondre aux sollicitations de leurs patients. Et pourtant, de nombreux généralistes consentent des efforts en adaptant leur exercice (voir tableau ci-dessous). Près de trois quarts d'entre eux (72 %) déclarent par exemple faire des journées plus longues que souhaité.
Pour ne rien arranger, une large majorité des médecins généralistes (77 %) rencontrent des difficultés pour trouver des confrères spécialistes. Lesquelles sont, selon la Drees, principalement dues aux délais d’obtention de rendez-vous. « 98 % des généralistes rencontrant des difficultés d’adressage peinent à trouver un rendez-vous dans un délai raisonnable », relève notamment l'enquête.
L'éducation thérapeutique comme solution
Outre les adaptations évoquées ci-dessus, 29 % des omnipraticiens déclarent se « spécialiser » dans certaines disciplines, les plus mentionnées étant la gynécologie (49 % des médecins se spécialisant), la pédiatrie (45 %) et la gériatrie (27 %).
Enfin, l’enquête de la Drees, montre que les généralistes qui pensent que la situation sur leur territoire va empirer misent particulièrement sur l’éducation thérapeutique pour rendre les patients plus autonomes pour faire face à ces difficultés d'accès aux soins.
*Enquête menée entre octobre 2018 avril 2019 auprès d'un panel représentatif de 3 076 généralistes libéraux, installés au 1er janvier 2018, ayant au moins 200 patients médecin traitant et sans mode d'exercice particulier exclusif.
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