En lisant le numéro du « Quotidien du médecin » du jeudi 13 février consacré aux déserts médicaux, je revoyais le président François Mitterand assénant à la France une phrase qui serait reprise à l’envi après lui : contre le chômage on a tout essayé ! Eh bien on nous ressasse la même chose avec les déserts médicaux. Oui on a tout essayé pour enrayer la progression irrémédiable de la désertification médicale. Tous les remèdes proposés sont voués à l’échec pour la raison majeure qu’ils sont des usines à gaz pour une réalité qui n’existe plus depuis des décennies : les temps ont changé, et les médecins aussi.
Dans une société régie par l’impérialisme des 35 heures et la recherche des RTT, la vocation médicale n’est plus ce qu’elle était, et le généraliste devenu spécialiste en médecine générale n’est plus l’omnipraticien qui faisait le bonheur des familles. Et que dire de l’allongement des études médicales ? Je suis né en 1929, thèse en 1954. De nos jours bientôt dix ans pour un généraliste. J’ai de plus en plus souvent le sentiment que mes jeunes confrères sont moins préparés à affronter la pratique.
L’abolition du numerus clausus ne changera rien à la désertification qui semble bien engagée, car il y a lieu de craindre que le surplus de diplômés aille grossir la pléthore dans les zones où les dépassements d’honoraires assurent un revenu satisfaisant avec un minimum d’activité.
En certaines régions la situation est devenue dramatique, profondément inégalitaire, nécessitant des mesures d’urgence. Alors que faire ? Comme le général de Gaulle qui dans ses mémoires de guerre écrivait : « vers l’Orient compliqué je volais avec des idées simples », il faut, face à ce champ de ruines qu’est en train de devenir notre système de santé, recourir à une mesure simple, d’effet immédiat, peu coûteuse, avec des aménagements de bon sens, pragmatiques.
Un an de service en zones sous-denses
Le service national, qui n’a pas été supprimé mais suspendu, pourrait exceptionnellement, le temps que les choses s’arrangent, mobiliser tous les médecins en fin d’études, qui ne seraient autorisés à exercer qu’après une année de service dans la lutte contre la désertification médicale.
Nous avons le précédent des milliers de jeunes médecins qui, au temps du service national obligatoire, ont servi là où étaient les besoins de l’époque, comme VSN (Volontaires du Service National). Au titre de la Coopération, ou des Affaires étrangères, dans nos anciennes colonies et des pays en voie de développement faisant appel à notre expertise. Nombreux aussi dans les départements et territoires d’Outre-mer. J’en ai connu en Afrique, en Nouvelle Calédonie, au Vietnam. Je ne me souviens pas qu’ils aient pour la plupart regretté cette forme de Service.
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