Policiers agressés, attaques de commissariats

La police en danger

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Publié le 16/10/2020
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Coup sur coup, l'attaque lancée par trois voyous contre deux policiers en planque dans leur voiture banalisée à Herblay, dans le Val d'Oise, puis l'assaut contre un commissariat à Champigny-sur-Marne mettent l'accent sur un climat anti-policier qui ne cesse de se répandre en France.
L'affrontement permanent

L'affrontement permanent
Crédit photo : AFP

Les agressions contre policiers ne sont pas nouvelles. On se souvient  du terrible incident survenu en banlieue parisienne pendant lequel deux policiers stationnés pour protéger des lampadères anti trafic de drogue,ont été littéralement brûlés vifs. Depuis des années, le développement de ce qu'il est benoîtement convenu d'appeler la « désobéissance civile » a conduit des groupes convaincus de leur bon droit à s'en prendre à tous les symboles de la République, notamment les fonctionnaires de police qui, souvent, sont victimes de coups mais aussi de tirs d'armes à feu, comme à Herblay.

La police n'est pas faite en titane. Elle subit les critiques acerbes de la gauche et de l'extrême gauche qui dénoncent des comportements répressifs conduisant à des blessures graves chez les manifestants ; elle constate son absence d'autorité : elle ne fait plus peur à personne. Même dans le cas du coursier mort d'étranglement, il a fallu qu'il insulte les policiers de manière répétitive, y compris quand ils commençaient à s'éloigner de lui, pour que l'épisode se transforme en tragédie. Des policiers, déprimés, se suicident presque tous les jours. D'autres abandonnent leur métier parce qu'ils ressentent un manque de reconnaissance, qu'ils ont une vie blafarde, des salaires trop bas pendant que les réseaux sociaux attisent la haine populaire.

Une société ne peut pas fonctionner de cette manière. Tout ce que l'on peut dire à propos de la mesure et de la prudence, en matière de répression des émeutes notamment, est bel et bon. Mais les policiers ne peuvent servir d'exutoire au ressentiment d'une fraction insurgée de la population, dont le mécontentement, l'aversion pour l'ordre, la violence illimitée, l'absence de peur du gendarme forment le nouveau code pénal. En outre, l'opinion française fait un amalgame entre la situation aux États-Unis, où les exactions policières sont extrêmement fréquentes et encouragées par le pouvoir, et la situation en France où les gilets jaunes ont donné le coup d'envoi des émeutes permanentes et injustifiées. 

Un problème politique

L'opposition fait son miel de la perte d'autorité de l'État et de l'impuissance du gouvernement. Elle ne peut absolument pas garantir que, si elle était au pouvoir, elle ramènerait un calme paradisiaque dans le pays. En dénonçant l'absence d'autorité, elle encourage les criminels, elle leur donne l'espoir de changer les choses par leurs actions isolées et réparties sur tout le territoire. Elle creuse sa propre tombe parce qu'aucun pouvoir ne peut se passer de la police.

Certes, le problème est politique. Certes, il est lié à une forme de désespoir induite par l'appauvrissement d'une partie de la population et par le creusement croissant des inégalités. Qui peut croire qu'à participer à l'incendie généralisé dans les villes, il améliorera son sort en blessant ou en tuant des policiers ? Qui peut croire qu'il sortira indemne d'un tel affrontement ? Qui peut croire que, avant de disparaître, le vieil ordre républicain ne va pas donner quelques coups qui ensanglanteront un peu plus le pays ?

À n'en pas douter, la crise sanitaire a exacerbé la violence dans une société déjà déséquilibrée par les gilets jaunes, les conflits sociaux, et la peur justifiée d'un avenir sinistre. Les médias ont leur part de responsabilité qui accentuent chaque jour la gravité des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Les micro-trottoirs ne cessent de donner la parole à des personnes qui se plaignent de tout sans jamais dire qu'au bout des sacrifices il peut y avoir un peu de lumière ; qui proposent des alternatives aux gestes barrières, comme s'ils étaient un croix à porter, qui en appellent à leur « liberté », une liberté si chère qu'il faudrait lui sacrifier sa propre santé et sa vie. Il n'y a pas de logique dans ces comportements. Ils sont hautement méprisables. Il est facile de désigner un tel ou un tel comme l'idiot de service ou l'incompétent qui ne comprend rien. On ne voit pas les gens méditer sur leur propre conduite.

 

 

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du médecin