Alors qu’étudiants, enseignants et même politiques plaident pour le développement des stages en ambulatoire, les récents propos du président de la Conférence des doyens des facultés de médecine a quelque peu surpris et surtout agacé.
Dans une interview donnée à Egora, le Pr Didier Samuel, élu doyen des doyens en février, estime que dans l’optique de l’ajout d’une quatrième année au DES de médecine générale, il faudrait revoir la maquette pour remettre des stages hospitaliers.
« Actuellement, il me semble que presque tous les stages se font en ambulatoire alors qu’avant la réforme les internes en médecine générale étaient beaucoup dans les services hospitaliers comme ceux de médecine interne, de gériatrie voire de pédiatrie. Peut-être que la maquette, telle qu’elle a été conçue, a trop insisté sur les stages en ambulatoire et je pense que cela peut être une bonne chose d’y rajouter un stage à l’hôpital », déclare-t-il.
Une déclaration à contre-courant, mais également en partie fausse. En effet comme le rappelle, le Syndicat national des étudiants en médecine générale (Snemg) dans un communiqué, aujourd’hui « la majorité des étudiants effectuent 4 stages sur 6 à l’hôpital ». La maquette actuelle prévoit en première année le stage de praticien de niveau 1 et en fin d’internat le stage en autonomie supervisée (saspas) en ambulatoire. Le stage sur la santé de la femme et celui sur la santé de l’enfant peuvent être effectués en ambulatoire mais bien souvent ils sont encore réalisés à l’hôpital.
Une prise de position hopistalo-centrée
Au-delà du débat chiffré, le président du Snemg, le Dr Philippe Serayet, rappelle que « si nous sommes solidaires de nos confrères hospitaliers en grande souffrance, nous sommes d’accord pour affirmer que ce n’est pas le rôle des internes de MG d’être la variable d’ajustement des services en difficulté ».
Les enseignants soulignent également que dans le contexte démographique actuel, cette déclaration est mal venue. « Il est curieux de se plaindre de la dynamique engagée que nous nous acharnons à mettre en œuvre depuis la réforme de 2017, et qui rend plus attractive la filière universitaire de MG ».
« Nous déplorons ces prises de position hospitalo-centrées, défendant un déséquilibre du système de santé dont a historiquement pâti la formation en médecine générale et plus largement les usagers », ajoute le syndicat.
Même son de cloche du côté du Syndicat des médecins libéraux (SML) pour lequel « ce positionnement traduit l’état d’esprit hospitalo-centré des doyens de médecine et témoigne du mépris des enseignants hospitalo-universitaires pour la médecine libérale, en partie responsables de la crise des vocations à l’installation et des déserts médicaux qui en découlent ».
Le SML comme le Snemg insistent également sur le fait que freiner l’accès des étudiants à la ville ne va pas résoudre les problèmes hospitaliers, au contraire.
« Il faut former les internes de médecine générale en ambulatoire, en harmonie avec les besoins des patients et des territoires. Cette politique soulagera à terme les établissements de santé qui pourront enfin remplir la seule mission qui leur incombe, celle du 3e recours aux soins », affirme ainsi le Snemg.
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