De quoi mettre un peu plus d’huile sur le feu ! Lors d’une interview accordée à France Inter dans « Questions politiques », le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a fait une suggestion pour le moins surprenante : conditionner le financement des études des futurs médecins à leur choix de spécialité et de subdivision.
« Aujourd’hui vous avez un système dans lequel on paye toutes les études de ceux qui font médecine pendant 11 ans et à la sortie vous avez la liberté d’installation et la liberté de choix de votre spécialité », a souligné le ministre.
« La première spécialité qui sort aujourd’hui [à l’issue de la procédure nationale d'appariement, NDLR], c’est la chirurgie réparatrice et donc la chirurgie esthétique, s’est indigné le locataire de Bercy. Si vous décidez de faire de la chirurgie esthétique à Nice, très bien, mais dans ce cas, vous devez payer vos études ! », a-t-il pleinement assumé.
À l’inverse, Bruno Le Maire s’est dit favorable à financer les études de ceux qui choisissent des spécialités moins prisées et plus en tension. « Si vous vous prenez une spécialité qui est difficile, qui n’est pas recherché du tout comme la gériatrie ou la psychiatrie, qui sortent dans les derniers de l’internat et qui [répondent] aux besoins de la nation française et des compatriotes […], dans ce cas, on vous paye vos études, le contribuable paye vos études », a-t-il avancé.
Réplique immédiate des syndicats étudiants
À la suite de cette sortie, les syndicats d’internes et d’étudiants ont répliqué dans la foulée et démonté l’argument brandi par le ministre sur la gratuité des études. « C'est faux : les internes de médecine gagnent 6 euros de l’heure et 70 % dépassent le plafond hebdomadaire légal de 48 heures. Coût de la formation : 104 000 euros. Ils apportent 121 000 euros. Ils sont les seuls étudiants à rapporter de l’argent à l’État », défend l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) sur son compte Twitter.
De son côté, l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) pointe le non-sens de cette proposition. « Les effectifs étant déjà déterminés en fonction des besoins en santé, que ce soit l'offre de formation territoriale ou les places par spécialité, c'est un non-sens complet… Cependant investir dans la formation est un besoin, à commencer par la revalorisation des salaires ! »
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