« C’est vrai que c’est un mandat particulier… En un an, on a eu affaire à quatre ministres de la Santé différents et là, avec cette dissolution, Frédéric Valletoux va être en campagne pendant un mois alors qu’il l’était déjà pour les européennes… Il y a des chances qu’il ne soit pas reconduit. Comment vous voulez être dans la continuité ? » , se désole Guillaume Bailly, président de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni).
Comme leurs aînés, les carabins et les internes en médecine ne sont pas épargnés par les turbulences politiques qui se jouent à Ségur. La dissolution de l’Assemblée nationale – annoncée à la suite de l’échec de la majorité aux européennes – a, une fois de plus, eu pour effet d’interrompre l’ensemble des dossiers en cours les concernant.
Vers un report de la 4e année ?
Parmi les plus cruciaux d’entre eux, la très controversée 4e année d’internat de médecine générale. Les contours de cette mesure phare – inscrite dans le PLFSS 2023 – avaient été précisés dans un arrêté publié au Journal officiel (JO) en août de l’année dernière. Le texte en question détaillait la maquette de cette année supplémentaire ainsi que les connaissances et compétences à acquérir. « Sur ce point, le cabinet nous a confirmé que le texte ne serait pas changé, cela permet au moins d’avoir de la visibilité pour préparer la rentrée prochaine, relativise le Pr Olivier Saint-Lary, président du CNGE. En revanche, sur le reste, le cabinet n’a pas pu s’engager sur grand-chose… » se désole-t-il.
En effet, de nombreux points comme la rémunération, le statut de docteur junior ou encore le recrutement et la formation des maîtres de stage, restent encore à arbitrer. « L’objectif avec les conseillers en place était de publier ces textes avant septembre mais vu le contexte actuel d’incertitude, tout ça risque d’être reporté, craint le généraliste. [Ce retard] complique singulièrement la mise en place de cette 4e année, ajoute-t-il, nous avons pourtant urgemment besoin de ces textes pour que les maîtres de stage puissent commencer à s’organiser et à repérer les locaux pour accueillir les futurs docteurs juniors ! »
Du côté des étudiants, l’inquiétude est aussi palpable. « À l’Isnar-IMG, on est d’une part préoccupé de voir la 4e année se rapprocher sans texte qui la cadre et d’autre part lassé des différents changements de ministères, s’agace Florie Sullerot, présidente du syndicat. Pour un dossier aussi lourd à gérer, on aimerait un peu plus de stabilité, cette annonce de dissolution a été un nouveau coup de massue pour nous, tout va encore prendre du retard. »
Interrogé sur un éventuel report de la réforme, le Pr Olivier Saint-Lary, estime « qu’il n’y a pour le moment aucun signal faisant craindre que cela évolue en ce sens. Après, nous ne sommes à l’abri de rien… », accorde-t-il.
Quelle suite pour la lutte contre les VSS ?
Autre sujet d’importance de ces derniers mois, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). Depuis le mois de mai, des groupes de travail entre les syndicats d’externes et d’internes – puis dans un second temps avec les associations féministes et de patientes – ont été engagés à l’initiative du cabinet de Frédéric Valletoux. Au total, trois réunions ont été organisées et une quatrième devait avoir lieu début juillet.
Du côté étudiant, on craint que ces réunions tombent à l’eau. « Il y a deux semaines, on devait recevoir des documents en prévision de la réunion de juillet mais on reste sans aucune nouvelle », confie Florie Sullerot.
Pourtant, si de premières mesures avaient déjà été annoncées fin mai par Frédéric Valletoux, tout restait encore à construire. « La lutte contre les violences sexistes et sexuelles est un sujet d’importance majeur. Avec le potentiel remaniement qui se prépare, on espère que l’intérêt pour le sujet sera conservé par le futur gouvernement » avance Jérémy Darenne, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf).
Compte à rebours
S’agissant du droit à la parentalité pendant l’internat – combat porté cette année par l’Isni auprès du ministère de la Santé – tout devrait se jouer dans les prochains jours. « C’est un sujet qu’on aimerait finaliser rapidement, ça va être le rush mais on va tout faire pour que ça passe, glisse Guillaume Bailly. Parmi les mesures portées, l’accès aux crèches hospitalières, l’extension de la période de validation des stages pour les internes enceintes à un an au lieu de six mois ou encore l’interdiction de faire travailler les femmes enceintes six jours d’affilée.
De manière générale, « on craint qu’un ministre du Rassemblement national (RN) ne soit pas sensible à toutes ces problématiques », anticipe Guillaume Bailly.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale