Ça se précise… et ça inquiète ! La 4e année du DES de médecine générale pourrait être mise en place dès la rentrée de septembre 2023. Une mesure du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2023 portera en effet sur l’allongement d’un an des études des futurs médecins généralistes, ont fait savoir les ministères de la Santé et de la Prévention et de l’Enseignement supérieur ce dimanche 25 septembre. Et cette mesure contiendra également une notion d'incitation pour les internes à terminer leur cursus dans les zones sous denses. Les ministres écrivent ainsi dans un communiqué qu’elle « sera encouragée dans les territoires les moins pourvus en médecins généralistes ».
Une « accélération rapide du calendrier »
Si la 4e année était prévue dans la réforme du 3e cycle de 2017, Raphaël Presneau, président du syndicat Isnar-IMG depuis l’été 2022, se montre « très surpris par l’accélération rapide du calendrier » vis-à-vis d’un sujet en « discussions depuis de nombreuses années ». Sur la réalisation de cette année en zone sous denses, il partage ses craintes de voir les futurs internes « répartis dans des conditions précaires, sans forcément de médecin autour de nous pour nous encadrer, pour travailler avec tout simplement ». Le président de l’Isnar-IMG estime ainsi qu’une telle mesure s’apparenterait à « une coercition déguisée ».
François Braun défend une mesure incitative
Pourtant, le ministre François Braun s’en défend. À l’université d’été de la CSMF le 23 septembre, il a ainsi présenté la mission lancée sur la 4e année, avec l’objectif qu’elle « se fasse préférentiellement en zone sous dotée, et surtout préférentiellement en ambulatoire ». Il a également évoqué la possibilité de rémunération différenciée en fonction des zones. Dans son communiqué, le ministère cite à deux reprises le potentiel sur l’installation des futurs généralistes : « Un véritable projet pédagogique permettra, durant cette année supplémentaire d’internat, d’accompagner les futurs médecins à leur installation rapide ».
Malgré cette position affichée du ministre, Raphaël Presneau une cache pas ses craintes de l’ajout d’amendements lors de la discussion du texte à l’Assemblée, dans un contexte où des propositions de loi sur la régulation de l’installation ont été déposées au cours de l’été.
L'Isnar-IMG attend des assurances
Pour cette 4e année, le président d’Isnar-IMG émet plusieurs demandes pour que cette 4e année « si elle nous est imposée, elle se fasse dans des conditions formatrices et professionnalisantes en fonction des projets professionnels des internes ». D’abord concernant les enseignants. « Quels enseignants va-t-on mettre en face de nos internes alors qu’on rencontre déjà des difficultés partout en France pour avoir des maîtres de stage universitaire ambulatoire ? », interroge-t-il.
Concernant le statut et la rémunération des internes, il estime que « le statut de Dr junior tel qu’il existe paraît inacceptable » et défend un statut de « Dr junior ambulatoire spécifique, qui prendrait en compte une part de rémunération à l’acte ». Il souligne qu’un tel statut aurait une visée de revalorisation de la rémunération et pédagogique sur la formation à la gestion de cabinet « qui fait partie des freins à l’installation à la sortie de l’internat ».
Face aux discussions qui s’annoncent lors des débats sur le PLFSS, Raphaël Presneau se montre vigilant et n’exclut pas « des mobilisations d’ampleur ».
Une mobilisation de l'Isni en octobre
Dans un communiqué daté du 26 septembre, l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), a elle aussi annoncé, par la voix de sa présidente Olivia Faigneau, « une grande mobilisation ». Elle a par ailleurs précisé qu’elle aurait lieu au mois d'octobre « allant jusqu'à la grève », pour protester contre cette « injustice ». Le syndicat accuse l’exécutif « d'instrumentaliser les médecins en formation pour répondre à moindre frais » aux problématiques d’accès aux soins. En somme, c’est une réforme « menée sans concertation », qui « court au désastre », déplore-t-il.
Quatre acteurs du secteur pour une mission
Annoncée par François Braun le 23 septembre, une mission a été mise en place « dans le but d’organiser la concertation nécessaire à l’identification des conditions de succès de cette réforme », indique le ministère dans son communiqué. Elle a été confiée à la Pr Bach-Nga Pham, doyenne de la Faculté de médecine de Reims et ancienne vice-présidente de la Conférence des doyens de médecine, au Pr Stéphane Oustric, président du conseil de l'Ordre des médecins de Haute-Garonne, à la Dr Mathilde Renker, ancienne présidente de l’Isnar-IMG et au Pr Olivier Saint-Lary, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE).
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