Il est 9 heures ce mardi 29 novembre au département de médecine générale (DMG) de Nancy. Une quinzaine d’internes de médecine générale et d’étudiants infirmiers en pratique avancée (IPA) sont réunis dans une salle du Centre de simulation (Cuesim) de la faculté pour assister à un cours sur la téléconsultation assistée.
Pour cet enseignement optionnel, qui se déroulera sur une journée, quatre enseignants ont été mobilisés : deux médecins généralistes et chef ou ancien chef de clinique, la référente pédagogique du diplôme d’IPA et le Pr Paolo Di Patrizio, coordinateur du diplôme d’études spécialisées (DES) de médecine générale.
Un enseignement pratique
Les internes en semestre 1 présents à ce cours n’ont jamais eu l’occasion de faire de téléconsultation, à l’exception de quelques-uns qui ont déjà pu découvrir cette pratique en tant qu’observateurs.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, le Pr Paolo Di Patrizio, également généraliste dans la Meurthe-et-Moselle, détaille aux étudiants le déroulé de la journée. « L’objectif va être de vous faire découvrir la téléconsultation sur le plan technique avec la manipulation des chariots. À l’avenir, cela pourrait faire partie de votre quotidien, souligne le praticien, qui utilise depuis 2017 la téléconsultation. Avant de commencer, un point sur le matériel vous sera proposé par Greg. Puis vous devrez assurer une téléconsultation dans les conditions réelles ».
Après un point détaillé sur le matériel, le groupe se répartit en petites équipes de quatre ou cinq. Dans la salle de simulation cohabite un groupe d’étudiants IPA, accompagné d’un facilitateur pour l’usage des chariots, et, plus loin, le groupe d’internes, placés derrière un ordinateur et prêts pour la téléconsultation.
Le groupe d’IPA, placé au chevet du patient, dont le rôle est joué par un étudiant comédien, lance la téléconsultation assistée. Connecté « à distance », le groupe de futurs médecins se prête au jeu et interroge le patient.
Sous contrôle du médecin, l’IPA est guidé pour assurer l’examen clinique. Les constantes sont prises à l’aide des différents capteurs médicaux (tensiomètre, thermomètre, stéthoscope, oxymètre de pouls, etc.). Pour un examen clinique plus approfondi, une échographie ou un électrocardiogramme peuvent également être réalisés à la demande du futur médecin.
Mais si, pendant le cours, le Pr Di Patrizio évoque les avantages de la téléconsultation assistée pour les médecins traitants, « qui souhaitent par exemple avoir un avis complémentaire auprès d’un IPA spécialisé ou qui utilisent la téléconsultation dans le cadre d’un suivi IPA pour une pathologie chronique », il tient toutefois à mettre les futurs médecins en garde : « L’important, c’est de connaître les limites de la téléconsultation. Dans un suivi chronique, lorsqu’on connaît son patient, même s’il est stabilisé, il est primordial de repérer si quelque chose a changé. Si, à distance, on se dit “Tiens, mon patient parle différemment, se comporte différemment”, ou s’il n’a pas le même teint que d’habitude, cela doit mettre la puce à l’oreille. C’est là qu’il faut se dire qu’un recours médical présentiel auprès du médecin traitant ou d’un médecin spécialiste est nécessaire. »
Se former ensemble pour mieux coopérer plus tard
Après que chacun des internes a expérimenté le chariot de téléconsultation, les étudiants internes et IPA sont invités à échanger les rôles. Les médecins prennent alors la place des IPA derrière les chariots de téléconsultation et inversement.
« Il est très important que les médecins découvrent le rôle et les compétences des IPA et que les IPA fassent de même avec les médecins. Cela participe au fait qu’ils soient en osmose pour travailler ensemble et c’est toujours bénéfique pour le patient », souligne le Dr Boris Gass, médecin généraliste, chef de clinique et enseignant au DMG de Nancy.
Avant 2022, ce cours, initié en 2018 – au moment de la création de la formation IPA –, était enseigné aux médecins et aux IPA séparément. « Nous avons trouvé plus pertinent de faire ce cours en commun », souligne le Pr Di Patrizio, qui estime que cette vision correspond « davantage à la réalité de la pratique de demain en termes organisationnels ».
Et cette mise en commun des effectifs semble réjouir les futurs médecins. Sur le plan pratique, « cela permet de nous rendre compte des difficultés techniques que peuvent rencontrer les IPA avec les chariots. Cela nous donne aussi des clés pour mieux communiquer », avance Axelle. Pour Alexine, sa camarade, c’est aussi le moyen « d’apprendre à connaître le métier d’IPA et de côtoyer de futurs collègues ».
Une évolution nécessaire
Christophe, également interne, envisage aussi de travailler en téléconsultation avec des paramédicaux dans sa future pratique. « Cela demande une vraie coordination car le professionnel de l’autre côté du chariot va être un peu les mains et les oreilles du médecin. Mais à partir du moment où chacun sait quel est son champ d’action, cela ne peut être que bénéfique », relève l’étudiant.
Son camarade Paul considère cette pratique « comme une évolution logique de notre société ». « Cela ne doit pas être un moyen de remplacer les politiques gouvernementales pour résoudre le problème des déserts médicaux mais cela peut être très utile dans certains cas pour alléger les plannings et proposer plus de soins, aller plus loin et faire de la prévention avec des patients géographiquement éloignés ».
En troisième année d’internat, les futurs praticiens pourront également bénéficier d’un cours sur l’aspect réglementaire de la téléconsultation. De quoi être outillé pour une future pratique « connectée ».
Fiche d’identité du DMG de Nancy
• Nom du directeur et coordinateur : Pr Paolo Di Patrizio
• Date de création du DMG : 2004
• 588 étudiants inscrits au DES de médecine générale
• 9 enseignants, 380 maîtres de stage et 45 tuteurs sont rattachés au DMG
• Nombre de campus : un campus santé
• Partenaires : département du Grand Est de recherche en soins primaires (Degeresp), laboratoire InterPsy, DRCI du CHRU de Nancy
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