Alors que la procédure nationale de choix de postes (amphi virtuel) s'est achevée le 15 septembre et que l'ensemble des futurs internes sont fixés sur leur spécialité, l'heure est au bilan pour l'Isnar-IMG. Le syndicat d'internes de médecine générale a fait ses calculs et son analyse est plutôt pessimiste sur l'attractivité de la spécialité.
Certes, la médecine générale a fait le plein pour la cinquième année consécutive (99,8 % des 3 645 postes ouverts ont été pourvus hors CESP) — et le CNGE (généralistes enseignants) s'en est d'ailleurs enorgueilli dans un communiqué de presse — mais, à la lumière d'analyses chiffrées sur les choix de postes (et les rangs), la spécialité médecine générale perd en attractivité.
Choix plus tardifs
Le syndicat d'internes, qui appelle à « sortir des analyses simplistes », observe en effet un net recul de l'attractivité de la spécialité par rapport aux années précédentes. Un constat corroboré par notre tableau d'attractivité exclusif des spécialités qui évalue l'indice d'attractivité de la médecine générale à 0,796 (plus l'indice est proche de 1, moins la discipline est prisée). Cette spécialité recule ainsi de trois places par rapport à l'année précédente (et se retrouve 42e sur 44).
Par ailleurs, comme le montre l'Isnar-IMG, alors que l'écart entre le rang limite pour pouvoir choisir médecine générale et la dernière personne classée aux ECNi s'était accru entre 2020 et 2022, atteignant 346 places en 2022 (hors CESP), il s'élève, pour la promotion 2023, à seulement 13 places (ce qui montre que la médecine gé a été choisie plus tardivement).
Recul du rang médian
Pour conforter son analyse, le syndicat compare les rangs de la personne ayant choisi médecine générale au dernier quartile entre 2022 et 2023. Pour rappel, plus le rang du dernier quartile est bas, plus les étudiants ayant choisi la spécialité sont bien classés. Alors qu'on observait une diminution du rang du dernier quartile depuis 2020 (s'établissant à moins de 8 000 en 2022), cette tendance s'inverse et le rang du dernier quartile remonte sensiblement pour s'établir à près de 8 200.
Le syndicat observe enfin un « recul drastique » du rang médian de choix de la spécialité en 2023. Celui-ci s'établit au rang 6 807 en 2023 « alors qu'en tenant compte de l'inflation* il était de 6 523 en 2022, de 6 698 en 2021, 6 750 en 2020, 6 642 en 2019 et 2018 et 6 840 en 2017 ». Le rang médian pour 2023 revient donc, lui aussi, au niveau de 2017. Là encore, c'est le signe d'un relatif déclasssement de la médecine générale.
La 4e année en cause ?
Pour le syndicat d'internes il n'y a pas de doute. La cause de cette baisse d'attractivité s'explique en majeure partie par l'ajout d'une 4e année au DES de médecine générale qu'elle juge « inutile et imprécise ». « Le flou qui a régné et qui règne toujours sur le contenu de cette 4e année (rémunération, stages, NDLR) n'a pu être que néfaste à l'attractivité de la discipline (...) L'organisation des stages pendant l'internat était tellement incertaine qu'elle n'a été publiée que dans la nuit du 9 au 10 août, moins de trois semaines avant le début des choix de postes de 2023 », dénonce l'Isnar-IMG.
Le syndicat impute également la baisse d'attractivité de la médecine générale aux « menaces constantes » qui ont pesé sur la profession. Entre remise en cause supposée de la liberté d'installation (proposition de loi Valletoux) et mesures contraignantes (contrat d'engagement territorial, auquel la Cnam a finalement renoncé), l'horizon de la médecine gé s'est assombri ces derniers mois. « Jouer avec l'attractivité de la médecine générale c'est prendre le risque qu'une partie des postes de la spécialité ne soient pas pourvus ; alors que l'augmentation du nombre de médecins généralistes formés est nécessaire pour prendre la relève des généralistes qui partent en retraite », alerte l'Isnar-IMG.
Pour inverser la tendance, le syndicat réclame à nouveau la « suspension de la quatrième année pour la promotion 2023 et toutes les suivantes, tant que la preuve de sa pertinence n'aura pas été faite et tant que ses modalités précises n'auront pas été exposées (...) »
*Pour cette analyse, le syndicat d'internes a pris en compte l'augmentation globale du nombre de postes d'internes à pourvoir
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