Dans un des extraits, on voit Meredith Grey, Izzie Stevens et Alek Karev remettre en cause leur vocation après avoir travaillé 36 heures d’affilée sans aucune pause. « J’ai fait des points de suture toute la journée, j’ai les mains en compote. J’aurais dû faire une école de commerce, j’aurais eu une vie sociale autre que mes collègues de travail », glisse Izziz Stevens à ses collègues. « J’ai une mauvaise nouvelle, la loi Garot risque de passer, vous ne pourrez pas choisir où vous pourrez exercer (…) Cette loi ne résoudra rien », se désole un chef.

Derrière le ton décalé du montage, l’Isni entend faire passer un message fort et rappeler à l’opinion publique la dure réalité : les internes travaillent en moyenne 59 heures par semaine, bien au-delà des 48 heures fixées par la réglementation européenne. Un interne sur cinq déclare avoir déjà eu des idées suicidaires, et deux tiers d’entre eux présentent des signes de burn-out. Près de neuf internes sur dix affirment avoir envisagé d’abandonner leurs études. Sous-entendu : les conditions sont déjà suffisamment pénibles et détériorées pour y rajouter de la contrainte.

Avec cette opération de communication, l’Isni espère provoquer une prise de conscience. Le syndicat appelle les soignants, les étudiants, les citoyens et les médias à relayer massivement cette vidéo très efficace sur les réseaux sociaux, via le hashtag #LEpisodeDeTrop. Une façon d’interpeller les députés à l’approche d’un vote décisif pour l’avenir des jeunes médecins. « Il est temps de mettre en lumière ce que beaucoup d’internes vivent au quotidien, confie Killian L’Helgouarc’h, président de l’Isni. Avec cet épisode, nous voulons montrer que la fiction médicale est bien loin de la réalité et que la situation des internes est alarmante. Nous appelons le Parlement et le gouvernement à construire le système de santé avec les médecins de demain. »

Poursuite de la grève illimitée

Depuis le 28 avril, une grève illimitée est toujours en cours pour protester contre la proposition de loi portée par Guillaume Garot. Selon les organisations représentatives – Isni, Isnar-IMG et Reagjir – près d’un interne sur deux, soit environ 15 000 jeunes médecins, s’étaient déclarés grévistes au début du mouvement. Contacté, le ministère de la Santé n’a pas confirmé ces chiffres.

À l’issue de la manifestation du mardi 29 avril, les représentants des étudiants, internes et jeunes praticiens ont été reçus par le ministre à la Santé Yannick Neuder. Ce dernier, rapporte le syndicat Reagjir, « a rappelé son opposition à toute mesure coercitive ». Le ministre a aussi annoncé un travail collaboratif autour du plan d’action présenté par François Bayrou. Les solutions « devront s’appuyer sur la valorisation de l’engagement volontaire et non sur l’obligation et la contrainte », martèle le syndicat de médecins remplaçants.

Malgré ce premier échange courtois avec le ministère, la grève illimitée reste d’actualité, insistent les syndicats juniors, qui réclament toujours le retrait de la PPL Garot. « Il est un peu plus compliqué de mobiliser les internes cette semaine, avec le changement de stage qui intervient, mais l’appel à la grève est maintenu », avance Killian L’Helgouarc’h, président de l’Isni, lui-même gréviste cette semaine. « C’est vrai qu’avec le changement de stage, c’est compliqué pour les internes de se mettre en grève, il y en a peu, admet Bastien Bailleul, président de l’Isnar-IMG, lui aussi en grève. On attend de voir la suite de l’examen du texte pour prendre une décision pour la suite ».