2 644 euros. C’est le montant moyen versé tous les mois par la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf) en juin 2018 aux 69 000 médecins retraités qui y étaient alors affiliés. Un montant qui paraîtra d’autant plus modeste aux yeux de certains qu’il faut lui retrancher divers prélèvements sociaux : Contributions sociale généralisée (CSG), Contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS), etc. Autant dire que le passage à la retraite donne un sacré coup de hachoir aux revenus du praticien qui n’a pas préparé cette échéance.
Car il ne faut pas s’y tromper : si la retraite de la Carmf inclut une part baptisée « régime complémentaire », il s’agit d’une complémentaire obligatoire, dont les prestations sont incluses dans les 2 644 euros mentionnés plus haut. Elles en constituent d’ailleurs la part la plus importante : 44 %. Les Allocations supplémentaires vieillesse (ASV), elles aussi issues de cotisations obligatoires, viennent en deuxième position (35 %). Le régime de base ne vient qu’en dernier lieu : 21 %, pour un montant moyen de seulement 549 euros.
« Les différents régimes obligatoires constituent une base, mais il est difficile de compter uniquement sur eux », estime le Dr Yannick Frezet, généraliste dans la Loire et trésorier de la section « jeunes » de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF-Jeunes médecins). « Entre les revenus d’un médecin en activité et sa retraite moyenne, il y a une marche assez énorme qu’il faut essayer de lisser », renchérit le Dr Yannick Schmitt, qui exerce dans le Bas-Rhin et préside le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (Reagjir).
Un peu d’anticipation ne nuit pas
Les deux syndicalistes s’accordent pour dire que contrairement à ce que pensent beaucoup de leurs jeunes confrères, la retraite est un sujet trop important pour n’y penser qu’une fois qu’on a les tempes grises. « Les jeunes médecins ne sont absolument pas conscients de ce problème, notamment parce qu’ils sont longtemps remplaçants, et donc relativement éloignés des problématiques de gestion du cabinet », remarque Yannick Frezet.
C’est pourquoi Reagjir et la CSMF-Jeunes médecins organisent, chacun de leur côté, des réunions sur le sujet afin de tenter de sensibiliser les jeunes praticiens à ce sujet. Il faut d’ailleurs souvent une bonne dose d’inventivité pour les attirer. « Si on annonce qu’on fait une soirée retraite, clairement, personne ne va venir », s’amuse Yannick Schmitt. C’est pourquoi le militant a pris l’habitude d’orienter l’intitulé de ces réunions vers un champ sémantique plus attractif : préparation de l’avenir, gestion du patrimoine… Moyennant cet innocent stratagème, le président de Reagjir assure que ces rencontres emportent un franc succès.
Madelin or not Madelin ?
Les conseils prodigués lors des séances organisées par les syndicats sont relativement simples. « En général, les gestionnaires de patrimoine conseillent de préparer sa retraite dès son début d’activité », explique Yannick Schmitt. Parmi les produits d’épargne souvent préconisés, on trouve notamment les produits dits « Madelin ». Ceux-ci permettent en effet de bénéficier d’une rente au moment de la liquidation de la retraite, et leurs cotisations sont dans certaines limites déductibles du bénéfice imposable, ce qui leur confère un avantage fiscal indéniable.
Mais les produits « Madelin » ne sont pas les seuls qui doivent être envisagés par les jeunes médecins, et ils ont certains défauts. « On y souscrit souvent pour diminuer ses impôts, mais ce ne sont pas forcément les contrats les plus rémunérateurs : on peut perdre en intérêts l’argent économisé en impôts », avertit Yannick Schmitt. D’où le conseil de base du parfait jeune médecin épargnant, dévoilé par Yannick Frezet : « Les produits "Madelin" font souvent partie de la solution, mais nous conseillons à nos jeunes confrères de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier et de diversifier leurs moyens d’épargne ».
Pour ce faire, Yannick Frezet cite notamment les produits d’épargne assurantielle. Mais les jeunes médecins n’étant pas forcément des spécialistes ès produits financiers, où trouver l’information nécessaire pour prendre des décisions éclairées ? Il y a bien sûr les réunions dédiées à l’installation, organisées par les Unions régionales des professionnels de santé (URPS), qui abordent souvent ce thème. Mais pour Yannick Schmitt, la solution est forcément individualisée. « Chaque foyer fiscal est différent, et nos réunions se terminent souvent sur la nécessité d’aller voir un gestionnaire de patrimoine », révèle le généraliste alsacien. Il n’y a plus qu’à prendre rendez-vous.
A. R.
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