« C'est à contrecœur que nous fermons le cabinet médical le 31 août », témoigne, émue, la Dr Isabelle Barrière-Zelinsky, 59 ans. Avec sa consœur, la Dr Béatrice Reynoard-Allemand, 61ans, la généraliste a décidé de stopper l'activité dans la maison médicale de Saint-Yrieix-sur-Charente (Charente). Accueillant initialement quatre médecins, la structure soutenue par la mairie n'est finalement occupée depuis l'automne que par ces deux généralistes.
Après le départ d'un confrère, puis le décès brutal d'un autre en juin dernier, les deux généralistes se sont retrouvées avec plus de 4 000 patients. Outre la surcharge de travail, c'est « l'explosion » des frais de fonctionnement – initialement répartis sur quatre médecins – qui a poussé les deux praticiennes à jeter l'éponge. « On doit débourser 85 000 euros de frais par an. Même en travaillant du matin au soir, à 25 euros la consultation, nous ne pouvons plus payer nos charges. Nous avons dû licencier la secrétaire, la femme de ménage », poursuit la Dr Barrière-Zelinsky.
Difficultés de recrutement
La fermeture du cabinet a été annoncée depuis mai 2023 par les deux médecins. Dans une lettre consultée par « Le Quotidien », les deux généralistes ont alerté l'agence régionale de santé (ARS), leur caisse primaire, le député de la circonscription et le conseil départemental de l'Ordre sur les difficultés rencontrées par le cabinet. Elles y précisent avoir essayé de recruter par tous les moyens en contactant les anciens internes, par le bouche à oreille, les réseaux sociaux ou les anciens collègues. En vain !
Car « l'obstacle majeur », selon les deux médecins, c'est l'absence d'aides à l'installation pour leur secteur. « Nous avons demandé à bénéficier de ces aides mais on nous explique que nous ne sommes pas éligibles. C'est hallucinant », se désole la Dr Barrière-Zelinsky.
IPA, salariat mais…
Situé à 5 km d'Angoulême, dans une zone semi-rurale, le territoire de Saint-Yrieix-sur-Charente totalise jusqu'à présent quatre généralistes. « Après notre départ, il restera un autre couple de médecins installés… mais l'un d’eux est en longue maladie. Ce sera donc très compliqué pour les 7 500 habitants pour trouver un médecin », avertit la généraliste.
Depuis ce courrier d'alerte, les réponses des autorités tardent à venir ou ne correspondent pas aux souhaits des deux généralistes. « L'ARS ne nous soutient pas assez, s'agace la Dr Barrière-Zelinsky. La Cpam suggère d'embaucher une infirmière en pratique avancée, ce n'est pas ce que nous voulons. Depuis mai, on crie au secours et à deux jours de la fermeture, on vient d'avoir une proposition de salariat par le département ». Une piste que la généraliste en libéral depuis 23 ans dit ne pas vouloir accepter.
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