Nouveaux examens, nouvelles évaluations basées sur les compétences et plus uniquement les connaissances, nouveau système d’appariement pour le choix des spécialités… la réforme du 2e cycle a démarré pour les étudiants débutant leur 4e année cet automne, pourtant certains textes réglementaires manquent toujours à l’appel.
Un arrêté transitoire est paru le 7 octobre mais d’autres doivent encore donner plus de précisions : sur l’organisation du 2e cycle et sur les épreuves, tous les deux d’ici mi-décembre et un dernier sur le système d’appariement toujours en cours de rédaction.
L’esprit de cette réforme était de mettre fin au tout bachotage et de faire évoluer les méthodes pédagogiques avec une prise en compte du raisonnement, des compétences et des facteurs humains. Parmi les nouvelles épreuves, les examens cliniques objectifs structurés (Ecos) permettent d’évaluer les compétences avec des exercices de simulation permettant la mise en situation des externes. Les externes devront avoir une note minimale de 10 sur 20. Un examen dématérialisé national (EDN) aura lieu au début de la 6e année. Dans cet EDN, les connaissances sont hiérarchisées, avec certaines de rang A pour lesquelles il faudra une note minimale de 14 sur 20, et d’autres de rang B pour lesquelles les résultats seront pondérés selon la spécialité souhaitée.
Pour l’appariement, qui remplace le choix des spécialités déterminé avant par le classement aux ECNi, l’EDN représentera 60 % de la note, les ECOS 30 % et le parcours personnel 10 %. L’arrêté à paraître sur les épreuves précise que les éléments du parcours qui pourront être pris en compte sont l’engagement social, pédagogique, dans une association, l’expérience professionnelle, ou les stages de mobilité ou Erasmus par exemple.
71 items pour la médecine générale
Lors du Congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) qui a eu lieu à Lille du 1er au 3 décembre, des éléments ont été dévoilés sur le futur fonctionnement de système d’appariement. S’il était au départ prévu qu’en lieu et place d’un classement unique il y ait désormais 44 classements, un pour chaque DES (diplôme d’études spécialisées), il y aura finalement 13 classements. Certaines spécialités ont en effet été regroupées.
La médecine générale est dans un groupe seule, avec 71 items qui, en rang B, seront valorisés lors de l’EDN pour l’appariement vers la spécialité. Parmi ceux-ci on retrouve par exemple : la contraception, l’introduction à l’éthique médicale, l’addiction au tabac, la BPCO, la prescription et la surveillance des psychotropes, etc.
Si un étudiant est certain de vouloir faire médecine générale, il peut donc réviser en priorité ces 71 chapitres. Certains items sont communs à plusieurs spécialités, s’il hésite entre plusieurs disciplines, par exemple médecine générale et pédiatrie, cela correspond donc à 128 items sur lesquels plancher, soit 35 % du programme.
Pour les enseignants présents lors du Congrès et notamment ceux en médecine générale, cette réforme est une chance. Dans un premier temps car elle permet d’évoluer vers les compétences et de se rapprocher de la prise en charge du patient. Pour le Pr Olivier Saint-Lary, président du CNGE, c’est aussi une « victoire conceptuelle » (voir vidéo ci-dessous), car avec ces 71 items, « la réforme acte que la médecine générale contient un contenu disciplinaire spécifique », explique-t-il.
Loin des promesses de départ
Reste que pour les étudiants, ces considérations sont bien loin de leurs préoccupations, et ils voient surtout une réforme qui se transforme en vraie usine à gaz, avec des textes toujours manquants et des revirements sur les promesses faites.
Au lendemain du Congrès du CNGE, l’association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), a adressé une lettre aux ministères de tutelle pour dénoncer « une réforme inaboutie » et leur « incompréhension, lassitude, angoisse et rage ».
Ils reprochent notamment aux ministères leur refus de publier les classements à l’issue des EDN ou l’absence de cadrage strict de dates des épreuves.
« Où est la prise en compte de notre parole, lorsque les ministères prennent les décisions unilatéralement, prétendant mieux savoir que les étudiants eux-mêmes où se trouve leur intérêt », écrit l’Anemf.
L’association estime que les ministères préfèrent également « ménager les égos de certains collèges de spécialités », quitte à compromettre le travail de réduction des connaissances qui était à l’origine de cette réforme.
Les étudiants demandent donc notamment la parution rapide des textes, l’inscription dans ces derniers de la publication des classements aux EDN, la fin des revirements sur des points pourtant déjà actés et consensuels, davantage de suivi et de pédagogie sur la mise en place de la réforme ou encore la réouverture du travail sur la réduction des connaissances ou la publication d’un référentiel unique.
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