Jugement imminent pour le fondateur de la prépa fantôme Hippocrate, accusé d’escroquerie

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Publié le 27/11/2024
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Le fondateur de la prépa fantôme Hippocrate et trois de ses collaborateurs seront bientôt jugés à Paris pour escroquerie. Ils sont accusés d'avoir floué en 2021 des dizaines d'étudiants aspirant à réussir le concours de médecine avec une formation qui n'a jamais existé.

Crédit photo : Utrecht Robin/action pres/SIPA

Le fondateur et trois employés de la classe préparatoire fantôme aux études de médecine Hippocrate seront jugés à Paris pour escroquerie ou complicité, soupçonnés d'avoir arnaqué en 2021 des dizaines de candidats, selon un document judiciaire consulté mardi 26 novembre par l'AFP.

Plusieurs dizaines d'étudiants avaient versé plusieurs milliers d'euros chacun, dont ils n'ont jamais été remboursés, à cette société promettant un cursus « innovant » qui n'a jamais eu lieu, selon l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel rendu par le juge d'instruction.

80 personnes constituées parties civiles

Samy N., 25 ans, le fondateur et gérant, le « directeur pédagogique national », la « directrice des ressources humaines », et le « chargé de développement commercial » seront jugés pour escroquerie ou complicité. Au cours des enquêtes, confiées à la brigade de répression de la délinquance astucieuse, Samy N. s'est défendu en disant être un mauvais gestionnaire, mais a rejeté toute intention frauduleuse. Au total, plus de 80 personnes - étudiants, parents et anciens salariés - se sont constituées parties civiles.

« Il a clairement reconnu sa mauvaise gestion, mais pour un étudiant en 3e année passionné de médecine, je ne pense pas qu'il ait eu le dessein de commettre une escroquerie médiatique qui, immanquablement, allait ruiner sa carrière », a commenté auprès de l'AFP son avocat Me Jean-Laurent Panier. « Quel gâchis, quels regrets pour toutes les familles et ces étudiants », a-t-il ajouté, reconnaissant qu'il n'a pas été « en mesure de les rembourser ». Sollicités, les autres avocats n'ont pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat.

Écran de fumée

En novembre 2020, Samy N. vit chez sa mère. Il a abandonné ses études de médecine à Lyon et crée la société Hippocrate, domiciliée avenue des Champs-Élysées à Paris et se présentant comme une classe préparatoire aux études de médecine. Il embauche alors une quinzaine de personnes, mais au fil des mois, il ne les déclare et ne les paie pas complètement, voire pas du tout, selon l'accusation.

Pour valider leur inscription, les étudiants sont pressés par les interlocuteurs de la société de virer l'argent au plus vite sur un compte au Luxembourg. Lors du gel du compte à l'été 2021, la vente s'élève à plus de 172 000 euros. Samy N. aurait envisagé le recrutement de 7 500 étudiants et l'ouverture de 30 centres. Un projet « irréalisable et mégalo », selon la gérante d'une prépa privée de médecine, entendue comme témoin. En août 2021, les professeurs ne sont pas recrutés, les locaux manquent. La formation n’aura jamais lieu. Les témoignages et plaintes d'étudiants lésés se multiplient.

Samy N., condamné à Lyon au printemps 2021 pour une interdiction de gérer pour pratiques commerciales trompeuses dans une affaire précédente, est mis en examen et incarcéré en octobre 2021, puis libéré. Il a été réincarcéré fin septembre 2024 pour violation de son contrôle judiciaire.

Les agissements des mis en cause « ont placé des familles entières dans des situations financières gravissimes », a rappelé Me Maxime Delacarte, avocat des parties civiles. Le retour en détention de Samy N. s'explique « par sa détermination à ne pas respecter l'institution judiciaire qui lui avait pourtant fait obligation d'indemniser les victimes », a-t-il estimé.

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr