Interne à Dijon, Florie Sullerot, 27 ans, vient d'être élue à tête de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG). Pour ce mandat d'un an, la future généraliste promet de poursuivre les combats déjà engagés par son prédécesseur Raphaël Presneau, afin de défendre la liberté d'installation et le droit des internes.
LE QUOTIDIEN : Vous prenez la présidence de l'Isnar-IMG. Quel est votre parcours ?
FLORIE SULLEROT : Je suis engagée dans la vie associative depuis plusieurs années. J'étais présidente de la corporation à Dijon puis administratrice de l’association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). Mon élection à la tête de l'Isnar-IMG s'est faite dans cette continuité. L'année à venir s'annonce dense et je ressens une certaine pression. Mais, je représenterai avec ferveur mes confrères et consœurs internes en médecine générale. Pour mon mandat, je défendrai les propositions du syndicat pour permettre un meilleur accès aux soins de la population, accompagné de bonnes conditions d'exercice pour les internes. Et je m'opposerai avec force aux mesures coercitives qui seraient inefficaces.
Vous êtes toujours vent debout contre la mise en place de la 4e année d'internat en médecine générale dès cette rentrée. Pourquoi ?
Nous avons été toujours contre cette 4e année. Là elle s'impose à nous mais sa mise en place est précipitée pour la promotion 2023 car le cadre réglementaire n'est pas finalisé. Nous avons des promesses mais aucun écrit sur la rémunération des docteurs juniors. Sur le plan pédagogique, notre priorité est la qualité des stages qui doit prévaloir sur les besoins territoriaux tout le long du cursus. Or aujourd'hui nous n'avons toujours pas d'idée des critères de ces terrains de stage. Il y a aussi la volonté de nous obliger à faire des gardes mais dans des conditions non connues. La DGOS doit se saisir de ce sujet pour définir le cadre de la PDSA qui doit être basée sur le volontariat, avec une rémunération à fixer. Pour ces raisons, nous craignons que des internes ne choisissent pas la médecine générale, à l'issue des procédures de choix définitifs en septembre.
Vous poursuivez le combat pour le droit des internes. Quelles sont les priorités ?
Notre cheval de bataille reste l'application de la réglementation qui limite le temps de travail des internes. L'objectif est de ne pas dépasser les 48 heures par semaine et huit demi-journées par semaine. Nous voulons aussi aller vers la conquête de nouveaux droits comme tout ce qui concerne les repos prégardes, avec des demi-journées, soit le matin, soit l'après-midi, en fonction des services pour couper les 48 heures consécutives de garde, nuisibles à la santé. Nous souhaitons aussi un réel bornage horaire des demi-journées de travail et des demi-gardes.
En 2021, une enquête Santé mentale à laquelle vous avez participé a dévoilé des chiffres alarmants. Où en est la prise en charge des jeunes ?
Une nouvelle enquête est en cours et les résultats seront connus en 2024. Je crains qu'ils ne soient pas meilleurs. Sur ce sujet, nous sommes extrêmement déçus des solutions proposées par les ministères de tutelle. En 2021, sous pression des syndicats, une cellule de soutien spécifique d'accompagnement des étudiants en santé a été créée. Il était prévu que les jeunes en difficulté puissent appeler une ligne téléphonique pour contacter des psychologues présents au sein de la coordination nationale d'appui à la qualité de vie des étudiants en santé (CNAES). Il était aussi prévu que des formateurs rencontrent des maîtres de stages universitaires, des seniors dans les hôpitaux pour leur expliquer ce qu'il fallait faire ou non. Les syndicats ont été très sollicités par le CNAES pour participer au contenu de ces formations. Or depuis nous n'avons plus de nouvelles. Les promesses n'ont pas été tenues. Nous voulons que les ministères se saisissent réellement du sujet.
Soutenez-vous les revendications tarifaires des syndicats seniors dans le cadre des négociations conventionnelles ?
La revalorisation globale de la médecine libérale est une demande légitime. En termes tarifaires, l'Isnar n'a pas d'expertise pour se positionner sur telle ou telle revendication. En revanche, nous serons particulièrement attentifs aux revalorisations des aides à l'installation et au conventionnement des remplaçants. Nous aimerions que les médecins remplaçants aient les devoirs mais aussi les avantages du médecin remplacé comme la participation aux cotisations sociales par l'Assurance-maladie.
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