Le Généraliste. Êtes-vous surpris par ce classement ? Selon vous, quels sont les critères qui l’expliquent ?
Pr Vincent Renard. Non, je ne suis pas surpris, car nous avons les mêmes retours. Les principales raisons, telles qu’on les a identifiées à partir de notre expérience, ce sont d’abord la qualité de vie dans les villes dont il est question, l’océan, la montagne. Autre facteur très important, la qualité de vie globale dans les villes choisies. Celles de l’Ouest ont très bonne réputation en termes d’agréments et de coût de la vie. C’est un des critères qui désavantage beaucoup l’Ile-de-France et les très grandes métropoles. Pour les étudiants, c’est clairement un problème à partir du moment où vous n’avez pas de facilité sur place. Pour le moment, ce sont ces critères qui sont importants dans le choix. Les différences en termes d’encadrement, d’enseignement n’expliquent pas tant le choix du top 5 que l’élimination de certaines universités.
La création du DES de médecine générale a-t-elle créé une concurrence entre facs ou au moins une émulation entre DMG ?
Pr V.R. La discipline universitaire, dans son travail avec tous les DMG et toutes les facultés, est beaucoup plus sur la voie de l’harmonisation et la cohérence que celle de la concurrence. Jamais la discipline universitaire n’a été aussi cohérente et unie. Même si le DES a été créé il y a plus de dix ans, les conditions de sa création - avec des moyens humains totalement insuffisants qui n’ont bougé que récemment - n’ont pas permis pendant toutes ces années une vraie harmonisation. Harmonisation que la tutelle et les internes appellent de leurs vœux. Donc, aujourd’hui, l’axe des DMG est sur le travail collaboratif pour établir des convergences de plus en plus grandes et pas tant sur le mode de la concurrence.
Certains estiment qu’au regard des choix de spécialité en 3e cycle, il n’y aurait plus de désaffection pour la médecine générale. Partagez-vous cet optimisme ?
Pr V.R. Non. Premièrement à cause de problèmes d’identification. Par rapport aux autres, la discipline est encore extrêmement absente du deuxième cycle. Les stages sont encore très hospitaliers. Sur les modalités d’évaluation, les ECN notamment, la médecine générale est quand même très peu présente. Les occasions d’identification à la discipline restent donc pour le moment rares. Il n’est donc pas étonnant, au moment, où les projets professionnels se formalisent, que la médecine générale reste encore le parent pauvre.
Deuxièmement les étudiants savent que, quand ils vont être internes en médecine générale, ils auront un encadrement moins important. Ils auront aussi beaucoup moins de chance d’avoir des carrières universitaires ou d’être chef de clinique. Sans méconnaître les efforts - tout à fait réels - des deux dernières années, on part de tellement loin et les mentalités mettent du temps à changer… Enfin, tout le monde sait que dans le paysage professionnel, à horaires égaux, les généralistes sont les moins bien rémunérés et reconnus par le système, et de loin. Donc, avec ces trois facteurs concomitants, il n’est pas étonnant qu’au plan des résultats, la médecine générale soit bien moins choisie que les spécialités médicales et chirurgicales.
* Président du Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE)
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