« Mon conseil pour les externes, c’est surtout de ne pas avoir peur des situations d’urgence, ni du stress qu’elles génèrent. Ça s’apprend avec le temps. » Interne en médecine intensive-réanimation (MIR) à Marseille, Louis Pot, en neuvième semestre, débute tout juste son année de docteur junior. Ce qui l’a amené à choisir cette spécialité ? Un stage marquant alors qu’il était en quatrième année : « J’ai trouvé que les réanimateurs avaient un excellent niveau sur beaucoup d’aspects de la médecine. La réa, c’est une spécialité très transversale : on touche à tous les organes. »
Au-delà de la technicité, c’est le travail d’équipe et l’environnement de soins en urgence qui l’ont convaincu : « Ce qui me plaisait, c’était l’idée d’agir dans des situations critiques, toujours dans le calme. J'ai aussi beaucoup aimé être au quotidien en équipe avec des médecins, des infirmiers, des aides-soignants… »
Un bon équilibre entre vie pro et vie perso
Une journée type en réanimation commence par la visite des patients, avec examens cliniques et prescriptions pour les 24 heures à venir. L’après-midi est souvent consacré aux gestes techniques (cathéters, drainages), aux examens complémentaires ou à l’accueil de nouveaux patients. « Une partie de l’équipe est dédiée aux sollicitations des autres services de l’hôpital, comme les urgences. »
Louis insiste sur l’organisation collective qui permet un bon équilibre : « Le fait d’être nombreux dans le service permet d’avoir des journées plus calmes, du temps pour ses projets ou sa thèse. Avoir une permanence des soins avec un médecin de garde permet de ne pas partir trop tard et d'avoir une vie personnelle épanouie. »
Il évoque aussi les clichés du médecin « cow-boy » : « C’est vrai que certains réanimateurs ont tendance à beaucoup se mettre en avant au cours des situations d'urgence, c'est assez classique. Ils débarquent en expliquant qu'ils vont maîtriser. C'est vrai que c'est souvent le cas, mais c'est surtout favorisé par le fait d'avoir les conditions, les moyens à la fois humains et techniques pour le faire », mesure-t-il.
Il se souvient enfin d’une scène marquante pendant la crise sanitaire, à l’hôpital de la Timone : un patient mourant à cause d’une infection sévère. « J’ai tenu l’iPad pendant que son épouse lui faisait une déclaration d’amour très émouvante. J’ai été le témoin involontaire de ce grand moment de complicité. Si je raconte cette anecdote, c’est aussi pour rappeler que l’amour est assez omniprésent dans le quotidien de la réanimation. Quand les patients viennent malheureusement à décéder, c’est pour nous une grande satisfaction quand cela se passe dans les meilleures conditions possibles : entourés de leur famille, sans souffrir. »
« C’est quoi ta spé ? » : la série pour tout savoir sur les différentes spécialités !
Dans ce rendez-vous, Le Quotidien plonge au cœur des expériences vécues par les internes des 44 spécialités médicales. Entre anecdotes, conseils avisés et histoires inspirantes, chacun trouvera de nombreuses clés pour faire un choix éclairé de spécialité et avoir un œil neuf sur les filières et les carrières. Que tu sois en pleine réflexion ou simplement curieux d’en savoir plus sur le quotidien des internes, « C'est quoi ta spé ? » propose des témoignages authentiques et uniques. Si toi aussi tu veux partager ton expérience d’interne, n’hésite pas à nous contacter à l’adresse suivante : aude.frapin@gpsante.fr
Marion Da Ros Poli (Anemf) : « Médecine, c’est pour la vie, chacun doit être libre de choisir son type d’exercice »
Assistant ambulatoire, stages dans les déserts, « engagement territorial » : les jeunes médecins dégainent leur arsenal anti-coercition
Les MSU, acteurs clés de l’encadrement des docteurs juniors
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins