Enfin médecin ! Après 10 ans de travail acharné, Aviscène en a fini avec les études médicales. Le néo-généraliste a soutenu sa thèse il y a quelques jours et s’apprête à effectuer des remplacements. Durant toutes ces années, le jeune homme a relaté en vidéo (notamment sur Facebook et sur Youtube), avec humour et sincérité, son parcours de carabin et d’interne, rassemblant une communauté de plusieurs dizaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux. Pour « le Quotidien », il revient sur son parcours et confie son bonheur d’entamer à 26 ans une nouvelle aventure.
« LE QUOTIDIEN » - Qu’avez-vous ressenti lors de votre soutenance de thèse ? Quand avez-vous réalisé que vous étiez enfin médecin après 10 ans d’études ?
AVISCÈNE - Lorsque j’ai prêté serment devant ma famille, j’avais la voix qui tremblait. Ça a été émotionnellement très fort. Je ne m’attendais pas à ressentir ça ! Mais il me restait encore quelques jours de stage à effectuer et c’est vraiment à la toute fin de mon internat, quand je suis rentré chez moi, que j’ai réalisé que j’étais médecin généraliste.
Il y a un autre moment charnière durant vos études, c’est le choix de la spécialité, après les épreuves classantes nationales. Vous avez hésité à opter pour la médecine générale ?
En fin de cinquième année, je m’étais fixé de faire médecine générale. Mais après les ECN, j’ai hésité. Avec mon classement, j’aurais pu prendre n’importe quelle autre spécialité à part deux ou trois. La médecine générale n’a vraiment pas la cote à la fac, les profs ne la mettent jamais en avant. J’avais aussi la pression de la communauté Internet. Tout ça m’a influencé, j’avais peur de regretter mon choix. Je me suis dit qu’il fallait que je montre que moi aussi j’étais fort, en choisissant une spécialité mieux valorisée. Mais finalement, je suis resté sur la médecine générale. J’ai fait abstraction du jugement des autres et je ne le regrette pas. L’essentiel, c’est de se sentir bien dans ce qu’on fait.
Parallèlement à vos études, vous avez été très actif sur les réseaux sociaux. Ça n’a pas toujours été bien perçu par votre entourage ?
C’est vrai qu’il m’est arrivé d’être critiqué, en stage notamment. Les gens avaient des a priori sur moi, on me faisait des remarques, on se moquait de ce que je faisais. Je ne correspondais pas à ce que devait être un étudiant en médecine. Mais j’ai appris à prendre du recul, à relativiser les critiques et m’affranchir du regard des autres. Et aujourd’hui je suis très content de mon parcours. J’ai 26 ans, je viens de passer ma thèse, j’ai fini mon internat, ma chaîne Youtube est en plein développement et j’ai écrit un livre sur les études de médecine (*) !
Votre activité de youtubeur vous a aussi permis de surmonter les épreuves ?
Les études de médecine sont longues et difficiles. Si je n’avais pas eu les vidéos pour me vider la tête, j’aurais peut-être fini par être dégoûté de ce que je faisais. Ça m’a permis de trouver un équilibre. Sur les réseaux, j’ai beaucoup de témoignages d’étudiants découragés, qui se sentent dépassés, qui ont l’impression de ne jamais s’en sortir. À travers mes vidéos, j’essaie de leur faire prendre du recul, de leur montrer le bon côté des choses. Moi aussi j’ai galéré, je ne suis pas différent d’eux, je ne suis pas un génie, je ne suis pas issu d’un milieu privilégié et pourtant je suis arrivé au bout.
Comment voyez-vous votre avenir ?
Pour commencer, je vais faire des remplacements. Je pense que c’est la meilleure chose à faire après l’internat. Ça permet de découvrir différentes structures, des lieux d’exercices, etc. On m’a proposé de travailler dans un service d’urgence d’un hôpital de périphérie où j’avais fait un stage. J’ai aussi des propositions dans des structures privées de visites à domicile. J’ai envie de multiplier les expériences pour choisir en ayant toutes les cartes en main. À côté de ça, j’ai plein de projets. Je viens de tourner des vidéos de vulgarisation médicale sur la chaîne String Theory et j’ai plusieurs collaborations en vue avec des médias.
(*) « Tout savoir sur les études de médecine », par Marine Lorphelin, Aviscène et Nicolas Evrard (Eyrolles)
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