Face à l’excitation médiatique actuelle autour de la « PMA pour toutes », certains jeunes spécialistes pourraient se sentir pris d’un léger vertige. Pas Marine Leflon. Il faut dire qu’après quatre ans d’internat à Rouen en gynécologie médicale, suivis de deux ans d’assistanat entre les centres d’Aide médicale à la procréation (AMP) de Rouen et d’Évreux, le tout couronné par un Diplôme d’études spécialisées complémentaires (Desc) en médecine de la reproduction obtenu en octobre dernier, celle-ci a tout pour garder la tête froide.
« C’est sûr qu’avec l’ouverture de l’AMP aux couples de femmes et aux femmes seules, on risque d’avoir un allongement des délais », observe-t-elle, un rien flegmatique. Mais il en faudrait plus pour déstabiliser cette praticienne qui, de longue date, a choisi d’orienter son parcours vers la prise en charge de l’infertilité.
Une prise en charge globale
Au tout début de ses études médicales, pourtant, c’était plutôt la pédiatrie qui intéressait cette jeune femme originaire de région parisienne. « Ce qui m’a fait changer d’avis, c’est que c’est une spécialité où, en plus de s’occuper des enfants, il faut que l’on gère les parents », sourit-elle. Marine s’oriente donc vers la gynécologie, et écarte assez vite la partie obstétrique. « J’avais un peu peur du côté "urgences", et du rythme que cela entraînait », avoue-t-elle.
C’est ainsi qu’en 2015, elle démarre à Rouen un internat de gynécologie médicale où, parmi divers stages marquants, elle se souvient de son passage en AMP. « C’était moins à la mode que maintenant, mais j’ai beaucoup aimé cette prise en charge globale, explique-t-elle. J’ai aimé que l’on prenne en charge un couple, j’ai apprécié la partie liée à l’endocrinologie… Et c’est très large, cela va de la prise en charge du couple infertile à la préservation de la fertilité chez les personnes atteintes de cancer, par exemple. »
Entre surspécialité et activité partagée
C’est ce qui a motivé la Francilienne à se surspécialiser en médecine de la reproduction. C’est ainsi qu’en tant qu’assistante spécialiste, elle a passé une bonne partie de son temps, lors des deux années qui viennent de s’écouler, à participer à la création d’un centre d’AMP à Évreux. « C’est un hôpital où le service de gynécologie faisait un peu de fertilité, mais c’était une activité qui n’était pas très développée, détaille-t-elle. Aujourd’hui, on peut y faire des inséminations. »
Reste que, maintenant qu’elle a son Desc en poche, Marine souhaite découvrir d’autres aspects de sa spécialité. « Je veux continuer dans l’AMP, mais est-ce que je veux être à 100 % dans le public, se demande-t-elle ? Je voudrais aussi découvrir le libéral, et peut-être qu’une activité partagée pourrait me plaire. » C’est ainsi qu’au lieu de poursuivre son parcours en Normandie, la jeune gynécologue a décidé de rentrer dans sa région parisienne natale, histoire de se donner le temps de la réflexion.
Des jeunes aux moins jeunes
Car les facettes de la gynécologie médicale sont si nombreuses qu’il semblerait selon elle dommage de se limiter au seul versant lié à l’infertilité, quel qu’en soit l’intérêt. En plus de l’endocrinologie et de la cancérologie, qui l’avaient intéressées durant ses études, Marine voit de multiples attraits dans d’autres pans sa spécialité. « Il y a par exemple toute une partie liée à la prise en charge de la jeune adolescente : douleurs de règles, prévention des maladies sexuellement transmissibles », précise-t-elle.
Et la prise en charge de patientes plus avancée en âge intéresse aussi la jeune praticienne. « La prise en charge de la ménopause, c’est également très intéressant », estime-t-elle. Et elle ajoute que bien que non chirurgicale, la gynécologie offre au praticien la possibilité de pratiquer certains gestes, comme la colposcopie, l’orthogénie… et bien sûr l’échographie, qui ne se limite pas à l’échographie de dépistage obstétrical. « On peut faire aussi de l’échographie de l’endométriose, de l’échographie pelvienne… », rappelle-t-elle.
Marine assure donc n’avoir aucun regret d’avoir abandonné ses velléités pédiatriques et la « gestion » des parents qui va avec. « Même si, en gynécologie, il faut parfois gérer les conjoints », remarque-t-elle en riant. Nulle spécialité n’est parfaite.
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