Comment fait-on lorsqu’on exerce l’une des spécialités les plus techniques et les plus consommatrices de ressources, et qu’on a de solides convictions écologiques ? Tel est le dilemme qui s’est très tôt imposé à Marie Selvy, chirurgienne digestive qui, après son internat et son clinicat au CHU de Clermont-Ferrand, s'investit depuis le mois de septembre dernier au CH de Béziers. Dilemme qu’elle a résolu en faisant de la question de l’écoresponsabilité en santé l’un de ses domaines de recherche, et en s’impliquant dans un collectif né en mars dernier : le Ceres, qui regroupe sociétés savantes et autres associations professionnelles autour des thématiques du développement durable.
Mais il faut commencer par le commencement : la première véritable passion de Marie a été la chirurgie. « J’ai fait médecine pour devenir chirurgien », raconte-t-elle. D’abord intéressée par la chirurgie orthopédique, elle se dirige dès les premiers stages d’externat, effectués au CHU de Montpellier, vers la chirurgie digestive. « C’est une spécialité à cheval entre la médecine et la chirurgie, et où la partie diagnostique est très intéressante, argumente-t-elle. On n’est jamais dans le tout blanc ou tout noir, il faut parfois changer de stratégie en pleine intervention. »
De Clermont-Ferrand à Béziers
Par ailleurs, au fur et à mesure de son internat, effectué au CHU de Clermont-Ferrand, Marie se sent de plus en plus attirée par la recherche. « J’ai commencé à faire un master 2, à écrire des articles, puis je me suis engagée dans une thèse de science », raconte-t-elle. Reste qu’au terme de son clinicat, la jeune femme décide de ne pas poursuivre une carrière universitaire. « C’est un monde très masculin, où la charge de travail rend les choses très difficiles pour quelqu’un qui veut avoir une vie de famille », estime cette jeune mère de deux enfants bien décidée à les voir grandir.
Marie se résout donc à partir pour Béziers. « Il se trouve que c’est ma ville d’origine : un poste se libérait, le robot arrivait en même temps que moi, les collègues étaient très accueillants, énumère-t-elle. Je voyais une alternative au CHU dans laquelle je pourrais m’épanouir. » Et l’ex-Clermontoise précise que ce n’est pas parce qu’elle s’est éloignée d’un centre universitaire qu’elle va abandonner la recherche. Elle entend même ajouter une nouvelle corde à l’arc de ses travaux : l’écoresponsabilité. « Sur le plan personnel, mon compagnon et moi sommes très sensibles à la question de l’écologie, détaille-t-elle. Mais il faut également que l’on repense les parcours de soins pour qu’ils soient moins pollueurs. »
Plus de recherche pour plus d’écoresponsabilité
D’où l’engagement de la chirurgienne au sein du Ceres, dont elle est la vice-présidente. « Nous voulons publier sur le sujet, nous avons par exemple cosigné avec la Sfar [Société française d’anesthésie-réanimation, ndlr] un rapport sur les tenues vestimentaires au bloc, car les tenues réutilisables que nous avons consomment beaucoup trop de ressources », indique-t-elle. Et ce n’est qu’un début : d’autres travaux sont en cours. « Il faut sensibiliser les médecins à l’écoresponsabilité, il faut qu’on en soit imprégnés dans tous nos raisonnements, ce qui passe par des travaux de recherche montrant qu’on peut faire aussi bien sur le plan clinique en étant plus écoresponsables », souhaite-t-elle.
Reste que Marie demeure pragmatique : même si elle assure que l’administration de son établissement est « très à l’écoute », elle sait bien que l’hôpital est « une structure qui n’avance pas très vite ». De plus, celui-ci n’est pas le seul à devoir modifier ses pratiques. « J’aimerais qu’on fasse pression sur les fournisseurs de matériel médical, les laboratoires, pour les forcer à adopter une attitude plus écoresponsable », explique-t-elle. Et la praticienne de citer l’exemple de la chirurgie robotique, qui lui semble être optimale pour les malades, mais qui utilise à ses yeux beaucoup trop de matériel à usage unique. Malgré ces difficultés, Marie pense que la transformation est possible. « On voit qu’il y a des changements dans l’ensemble de la société », observe-t-elle. Il n’y a pas de raison pour que la santé reste à l’écart.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale