Après quatre suicides d’internes depuis le début de l’année – et une enquête édifiante sur l’ampleur des violences sexuelles et sexistes en stage et à l’Université menée par l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) – la conférence des doyens des facs de médecine se devait de réagir.
Tous les signaux confirment que le mal-être des étudiants en médecine s’aggrave depuis des mois, dans un contexte particulièrement anxiogène. En organisant la première conférence de concertation « autour d’un plan d’action sur les risques psycho-sociaux des étudiants des formations médicales », ce lundi, les doyens ont tenté d’amorcer une sortie de crise. « Il y a une étincelle, maintenant il faut faire un grand feu », positive Gaétan Casanova, président de l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI), à l’issue de cette grand messe. Une centaine d’acteurs étaient présents : représentants des étudiants, parents, CHU, présidents de CME, responsables d’ARS. « Ça montre une vraie prise de conscience », reconnaît Gaétan Casanova.
Écoute
L’intervention de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a été bien perçue par les jeunes. « Sa présence était une action forte, on s’est senti écoutés », témoigne Morgan Caillault, président de l’ISNAR-IMG (InterSyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale).
En tweetant « tolérance zéro », la ministre a affiché sa volonté d’agir vite pour améliorer les conditions de formation et briser l’omerta sur les violences subies par les étudiants et les internes au cours de leur cursus.
– Conférence de concertation sur le mal-être et le harcèlement des étudiants des formations médicales. #ToléranceZéro et #AccompagnementExemplaire. pic.twitter.com/blTBHIHmY6
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) March 29, 2021
Un soutien d’autant plus apprécié que le ministre de la Santé Olivier Véran – qui fut pourtant porte-parole des internes – était lui absent, une négligence coupable aux yeux des juniors. « Son conseiller à la formation initiale est arrivé deux heures en retard », a regretté Gaétan Casanova.
Réponses réglementaires
Après cette conférence de concertation, qui devrait se renouveler chaque année, une synthèse sera publiée dans les prochains jours afin d’acter les engagements pris.
Des groupes de travail devraient se constituer pour apporter des réponses réglementaires. « Il est nécessaire de légaliser les réaffectations en stage pour que les changements ne soient pas faits au petit bonheur la chance », estime notamment Morgan Caillault (ISNAR-IMG). Il souhaite aussi la création d’une structure indépendante permettant le signalement anonyme de difficultés en stage ou à l’université. D’ores et déjà, « il faudrait faire une liste des acteurs sur le terrain » afin d’aiguiller les étudiants en difficulté.
Le président de l’ISNI réclame, quant à lui, la mise en place de « procédures de signalement extériorisées, confidentielles et indépendantes » pour les étudiants et internes victimes de harcèlement ou de violences. Gaétan Casanova souhaite aussi l’instauration de procédures disciplinaires et judiciaires immédiates « en cas de faits qualifiables de délit ou de crime ». Et il demande une nouvelle fois le décompte horaire du temps de travail et l’application stricte de la législation sur le repos de sécurité après une garde de 24 heures. « L’impulsion a été donnée, dit-il, il faut maintenant des actes. »
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