« On ne sauve pas des vies, mais on sauve des qualités de vie. » Ce mantra résume bien l’état d’esprit de Vincent Hary à l’heure où il entre dans le dernier tiers de son internat de MPR à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). La MPR est en effet une spécialité à part, « différente de la médecine classique notamment parce qu’en général, on a déjà le diagnostic, qui est souvent établi depuis longtemps », estime-t-il. L’objectif est donc selon lui davantage à rechercher du côté « de la réhabilitation, de la réinsertion dans la société, etc. ». Et c’est justement ce qui lui plaît.
Pourtant, le jeune homme n’était pas forcément prédestiné pour exercer la médecine très relationnelle qu’est la MPR. « Après le bac, j’avais plutôt choisi la médecine pour son côté scientifique, anatomique, et pas forcément pour son côté social », se souvient-il, avouant même que lors de ses premières années d’étudiant, l’idée du contact avec les patients ne le « mettait pas forcément à l’aise ». Mais dès le premier stage d’externat, Vincent a senti que quelque chose en lui se transformait.
Coup de foudre à l’externat
« C’était un stage de MPR à l’hôpital Cochin, dans un service plutôt orienté sur l’appareil locomoteur, la rhumatologie…, se souvient le Parisien. J’ai adoré cela. J’ai découvert un examen clinique extrêmement riche, et une vraie relation avec le patient. » Lors de ses stages suivants, Vincent passera par des spécialités qui lui plairont, mais « pas autant », sourit-il. Car le côté relationnel n’est pas le seul charme qui distingue à ses yeux la MPR des autres spécialités.
« C’est aussi une spécialité très diverse, qui touche à la neurologie, la traumatologie, la pédiatrie, la gériatrie, et même la cardiologie, se félicite-t-il. Comme me l’a dit un jour une cheffe, nous sommes un peu "le médecin généraliste du handicap". » Autre avantage : la MPR cultive, peut-être plus encore que d’autres spécialités, le sens du collectif. « Le travail en équipe est le cœur de la MPR, explique l’interne. Nous sommes entourés de kinés, d’ergothérapeutes, de neuropsychologues, d’assistantes sociales, ce qui fait que nous avons une multitude d’interlocuteurs tout au long de nos prises en charge. »
Parmi les stages qui l’ont marqué à ce jour, le jeune praticien cite, sans hésiter, celui qu’il a effectué à l’Institution nationale des Invalides au semestre précédent. « C’est un établissement qui prend principalement en charge des militaires, souvent blessés en opération, même s’il y a aussi des civils, détaille-t-il. C’était mon premier contact avec le monde militaire, et j’y ai découvert des équipes absolument formidables, et la prise en charge de ces personnes blessées pour la France prenait une autre dimension dans ce cadre. »
Une autre corde à son arc
Reste que, malgré tout l’intérêt qu’il porte à la MPR, Vincent Hary a souhaité ajouter une corde à son arc, et est en train de suivre une Formation spécialisée transversale (FST) en médecine de la douleur. « La douleur est à mon sens centrale en MPR, elle constitue souvent une partie importante de nos prises en charge, mais nous ne la connaissons pas suffisamment bien, et j’ai voulu approfondir mes connaissances », détaille-t-il. Et on ne peut pas dire que le jeune médecin entende les approfondir à moitié. « J’ai un poste de chef de clinique qui m’attend au Centre de la douleur de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches [dans les Hauts-de-Seine, ndlr] à la fin de mon internat », précise-t-il.
Est-ce à dire que Vincent Hary entend entièrement orienter sa carrière vers la prise en charge de la douleur ? Il est encore trop tôt pour le dire. « Je peux m’orienter vers un CETD [Centre d’étude et de traitement de la douleur, ndlr], mais cela m’enfermerait dans une surspécialité, alors que la MPR est si vaste, détaille-t-il. Mais je peux aussi avoir principalement une activité de MPR, et maintenir une activité sur la douleur à côté. »
Non content d’hésiter sur la question de la surspécialisation, Vincent n’a pas encore tranché celle de son futur secteur d’exercice. Car bien qu’il ne fasse pas mystère de sa préférence pour l’hôpital public, le Parisien considère que celui-ci « est un peu en train de s’effondrer ». « Ne sachant pas de quoi l’avenir sera fait, il faut un peu diversifier ses options », estime-t-il. Pourquoi pas les hôpitaux militaires, dont l’environnement lui a plu lors de son dernier stage ? « C’est une voie possible », répond-il avant de préciser que son choix n’est pas encore fait, et que de toute façon, il a le temps d’y réfléchir. « Il me reste encore deux ans d’internat, plus tout le clinicat », sourit-il.
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