Un médecin nucléaire « reconverti » en radiologue, un généraliste en gynéco… Dès novembre 2023, une centaine de confrères déjà en exercice pourront changer de voie, en postulant à un deuxième diplôme d’études spécialisées (DES). Une reconversion aux places très limitées et qui imposera de réenfiler la blouse d’interne.
Espérée de longue date et prévue dans un décret de 2017, cette réforme aurait dû entrer en vigueur au 1er janvier 2021. Finalement, un an après la publication de la procédure officielle pour changer de spécialité, un arrêté publié au « Journal officiel » ce jeudi 6 avril précise la ventilation des postes, en fonction des CHU de rattachement, pour l'année 2023/2024. Au total, sur toute la France, 111 places seront accordées dès la rentrée prochaine aux médecins qui souhaitent réaliser un deuxième DES – dont 20 en psychiatrie, 11 en pédiatrie, 10 en gériatrie et 8 en médecine générale.
Saupoudrage
Dans le détail, les postes restent donc rares et saupoudrés dans l'Hexagone. Par exemple, aucune place n’est accordée en ophtalmologie, gynécologie obstétrique ou encore en urologie. Dans la même veine, seuls deux postes de chirurgiens sur toute la France sont libérés pour les praticiens en reconversion : un à Rouen en chirurgie orale et un à Paris en chirurgie pédiatrique. Cette ventilation a été décidée en fonction des capacités de formation mais aussi des besoins de santé de chaque territoire.
Pour les médecins voulant évoluer dans leur pratique mais qui ne souhaitent pas se lancer dans un deuxième DES, sera également ouverte dès la rentrée la possibilité de réaliser une option supplémentaire ou une formation spécialisée transversale (FST). Pour l'exercice 2023/2024, 152 places sont ouvertes pour les FST – dont 28 en médecine palliative, 26 en médecine scolaire, 19 en douleur et 18 en addictologie. La palme revient à la médecine hospitalière polyvalente – 33 postes – jeune FST lancée en 2022, qui s’adresse particulièrement aux généralistes souhaitant exercer à temps plein ou à temps partiel à l’hôpital, en aval des urgences.
Trois ans d'exercice minimum
Concrètement, les médecins en reconversion devront avoir déjà exercé trois ans à temps plein pour candidater à un changement de spécialité – un an seulement pour une FST ou une option.
Les praticiens ont jusqu’au 30 avril pour déposer leur candidature à l’UFR de l’université choisie. Ce sont les commissions régionales de coordination des 44 spécialités qui seront chargées d’examiner les dossiers. CV, lettre de motivation, justificatif de formations complémentaires, de DU ou de DIU : le dossier devra être nourri de « toute pièce permettant d'évaluer les connaissances et les compétences du candidat ainsi que son projet professionnel », précisait le texte réglementaire publié en avril 2022. Une liste « d’admissibles » est ensuite dressée – au plus tard trois mois avant la rentrée scolaire – puis envoyée au conseil régional de l’Ordre des médecins.
Une fois admis, la maquette de DES sera adaptée au profil du candidat pour éviter les redondances entre la spécialité d’origine et la nouvelle spécialité choisie. Mais la durée de ce second DES ne pourra être inférieure à la moitié de la durée minimale de la formation concernée. Un demi-internat en d’autres termes…
Quelle rémunération ?
À sept mois du lancement de cette première promo, des interrogations subsistent quant au statut et à la rémunération des confrères qui changent de voie. Pour les praticiens hospitaliers et les praticiens contractuels, le ministère de la Santé étudie la possibilité de mettre en place un « congé de reconversion », avec une rémunération mensuelle égale à 85 % de leur salaire brut.
« Il s’agira de médecins qui auront au moins exercé trois ans, ils n’ont donc pas les mêmes besoins de vie que les internes », soulignait début mars le nouveau président de la conférence des doyens de médecine, le Pr Benoît Veber. Il précisait que l’une des pistes à l’étude pour « permettre à ces médecins de continuer à gagner leur vie » serait de leur offrir l’équivalent d’une rémunération de médecin hospitalier, « à condition qu’ils s’engagent à exercer un temps dans la région qui les a formés ». Une forme de contrat d’engagement de service public (CESP) qui devrait, là encore, être tranchée par voie réglementaire.
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