Amélioration des conditions de vie des internes, respect du temps de travail et santé mentale : la (future) présidente de l’Isni affiche ses priorités

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Publié le 27/06/2022

Crédit photo : DR

Elle n'est pas officiellement présidente mais presque : à 27 ans, Olivia Fraigneau s'apprête à prendre la tête de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), où elle succédera à Gaétan Casanova dès septembre prochain. Interne en médecine d’urgence à Paris depuis trois ans, la présidente de l’Association des jeunes médecins urgentistes (AJMU) compte poursuivre avec détermination les combats engagés pour le respect du temps de travail des internes et l'amélioration de la santé mentale des juniors.

À cet égard, celle qui « ne sait pas faire autre chose que s’engager » souhaite d'abord « des conditions de vie meilleures pour les internes, qu’ils arrêtent d’être tristes en pensant à leur prise de poste alors qu'ils aiment pourtant profondément leur métier ».

Externat picard

« J’ai toujours fait de la représentation étudiante aussi loin que m’en souvienne ! », sourit Olivia Fraigneau, racontant que, dès 12 ans, elle a « rejoint le conseil d’administration de mon collège pour une sombre histoire de sac à dos trop lourd et réclamer des casiers ». « Ça a commencé comme ça et ça ne s’est jamais arrêté », s’amuse l’interne, qui enchaîne des postes de déléguée de promo à la fac de médecine d’Amiens où elle réalise ses études, puis vice-présidente du Crous de Picardie.

Après le concours, son internat la conduit à Paris, où elle multiplie les stages aux urgences, entre Meaux, Versailles et l’hôpital d’Avicenne. « Après huit mois d’internat, j’ai envoyé ma candidature à l’AJMU », se souvient Olivia Fraigneau. En octobre 2021, elle devient présidente du syndicat des jeunes urgentistes où elle bataille, entre autres, pour la rémunération correcte des docteurs juniors et sur les licences de remplacement.

« Moi aussi j’ai fait un burn-out »

Entre stage et travail syndical pris sur les repos de garde, « moi aussi j’ai fait un burn-out, comme beaucoup d’internes », confie Olivia Fraigneau sans fard. En troisième semestre d’internat, elle est même arrêtée. « J’étais joliment logée dans mon déni, je me disais que c’était normal, juste de la fatigue, mais je n’arrivais pas à me lever le matin, je faisais des cauchemars ». Ses amis la poussent à s’arrêter, puis elle poursuivra son internat dans un service « bienveillant, entourée d’une équipe très à l’écoute ».

« J’ai toujours voulu devenir médecin, toute ma vie, et j’aime profondément mon métier, ça me rend triste de voir que, comme beaucoup, il ne nous rend pas heureux », souffle-t-elle. Désormais, elle souhaite « accompagner les internes qui ont parfois peur de parler, besoin d’aide, car moi je n’ai jamais eu peur de dire les choses ! ».

Harcèlement, violences : tolérance zéro

À la tête de l’Isni, Olivia Fraigneau devra mettre en pause son stage aux urgences pédiatriques de Necker (AP-HP) et poursuivra le combat pour imposer le respect du temps de travail des internes, bornés à 48 h par semaine, mais dépassé chroniquement. « Je viens d’une spécialité, la médecine d’urgence, où chez nous ça existe : on compte le temps de travail, les heures supplémentaires sont payées… Je trouve ça aberrant que ça n’existe pas partout ». La récente décision du Conseil d'État a été perçue à cet égard par l'Isni comme une avancée « historique », en rappelant à l'ordre les hôpitaux.  

Engagée dans le réseau Isni au début de la campagne #Protègetoninterne, Olivia Fraigneau souhaite également continuer le combat sur la santé mentale des jeunes, « avec la mise en place de cellules d’écoute mais aussi l’accompagnement des internes sur les questions de harcèlement et de violence ». Comme son prédécesseur, elle promet de poursuivre devant la justice les auteurs d’agressions et de harcèlement à l’hôpital.

La médecine d'urgence, « spé magnifique »

Alors que les futurs internes vont entamer leur procédure de choix cet été, à l’issue des épreuves classantes nationales (ECN), Olivia Fraigneau affirme qu'elle « recommandera toujours la médecine d’urgence, même si la situation est très compliquée, et que je crains le pire pour l’été ». Variété de l'exercice, contact avec les patients, décompte du temps de travail et salaires attractifs. Malgré la crise actuelle, « c’est une magnifique spé ! », s’enthousiasme-t-elle.


Source : lequotidiendumedecin.fr