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70 % des internes dépassent toujours le temps de travail hebdomadaire légal

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Publié le 21/01/2022
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C’était une promesse d’Olivier Véran en avril 2021 : réaliser une enquête nationale sur le temps de travail des internes, face à la fronde des jeunes excédés par les semaines à rallonge, au mépris de la loi.

Alors que la réglementation européenne limite le temps de travail hebdomadaire à 48 heures, 70 % des internes affirment travailler au-delà. C'est le résultat d'une consultation en ligne, pilotée par le ministère de la Santé et lancée fin juillet auprès des carabins et des établissements de santé. Pire, un interne sur deux exerce plus de 51 heures, selon cette enquête, qui reflète parfaitement le désarroi exprimé par les fédérations d'internes depuis plusieurs années. Autre constat : la quasi-intégralité des sondés dépasse systématiquement les huit demi-journées d'activité en stage normales. C’est le cas pour 93 % des internes de spécialité médicale et même de 98 % de ceux des disciplines chirurgicales.

Las, cette dérive semble passer inaperçue du côté des hôpitaux, qui visiblement sous-évaluent complètement le temps de travail des internes. Par exemple, quand on demande à ces établissements si les internes en chirurgie dépassent leurs huit demi-journées de stage, les centres hospitaliers répondent par l'affirmative à seulement 29 %. « La divergence d’appréciation entre étudiants et établissements y est particulièrement importante », note le ministère. Autre exemple de discordance dans la perception de la réalité : alors que les hôpitaux pensent que seulement 8 % de leurs internes en réanimation exercent plus de 11 demi-journées par semaine, ils sont en réalité sept fois plus à subir cet excès.

L'enquête semble montrer néanmoins pointer quelques avancées. Le respect du repos de sécurité, le point noir dénoncé par les internes depuis des dizaines d'années, progresse enfin : 94 % des internes aux urgences ou en réanimation et 84 % dans les spécialités médicales en bénéficient effectivement. Exception pour les futurs chirurgiens qui sont près de la moitié à déclarer en avoir déjà été privés.

* Questionnaire en ligne du 26 juillet au 28 septembre (sur la période de mai à juillet 2021), traité par. Participation de 2 348 étudiants de 3e cycle, de manière anonymisée, et de 252 établissements de santé accueillant des internes.

Léa Galanopoulo

Source : Le Quotidien du médecin