« We want you ! », l’opération séduction d’une députée auprès des étudiants en médecine

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Publié le 16/09/2016
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Crédit photo : DR

Brigitte Bourguignon ne veut pas entendre parler de déserts médicaux. Il y a quelques jours, la députée PS de la 6e circonscription du Pas-de-Calais est partie à la rencontre des étudiants en médecine de la faculté de Lille pour leur faire entendre un autre son de cloche.

« Je veux inverser le discours misérabiliste sur nos territoires. Comment voulez-vous donner envie à des jeunes de s’installer quelque part si vous leur parlez de déserts, de territoires relégués, détaille Brigitte Bourguignon. La ruralité, ce n’est pas ce qu’on entend. Il faut dire aux jeunes que nos territoires sont magnifiques, qu’il y a de l’innovation, une qualité de vie et de travail extraordinaire… »

Accompagnée de plusieurs élus de petites communes, elle a distribué aux étudiants des tracts « We want you ! » et des pommes Bio produites sur la région, dans une ambiance bon enfant. « Ça a été bien accueilli. Je leur ai dit qu’on avait besoin d’eux », insiste Brigitte Bourguignon qui veut réhabiliter le métier de médecin. « Être médecin de campagne aujourd’hui, ce n’est pas forcément travailler jour et nuit pour ses patients. Il y a la possibilité de rejoindre un cabinet de groupe, les maisons de santé pluridisciplinaires sont de plus en plus nombreuses et les jeunes qui s’installent arrivent à se faire remplacer. »

Séduire plutôt que contraindre

La parlementaire n’occulte pas les difficultés des zones rurales. Sur le tract qu’elle distribue, elle recense les besoins en médecins dans sa circonscription. Le déficit est de plus de 20 praticiens pour une population de près de 110 000 habitants. Pour séduire les candidats, les élus mettent en avant l’attractivité de leur région mais comptent également sur les incitations financières. « Je crois beaucoup au dispositif de praticien territorial de médecine générale [PTMG, NDLR] qui apporte une garantie de revenus », affirme Brigitte Bourguignon qui rappelle également que plusieurs aides à l'installation existent (notamment dans la nouvelle convention). 

Aux étudiants de première année qu’elle a rencontrés, elle rappelle que c’est dès la deuxième année de médecine qu’ils peuvent opter pour un contrat d'engagement de service public (CESP) et bénéficier d’aides au financement de leurs études en contrepartie de leur installation dans une zone sous dotée après leurs études.

Faut-il aller plus loin et imposer des lieux d’affectation aux jeunes diplômés ? « Je ne crois pas du tout au coercitif, répond la députée. Je comprends tout à fait qu’on puisse parler de bagne quand on oblige un jeune à s’installer là où il n’a pas envie d’aller ! »

L’élue rencontrera prochainement les étudiants en deuxième cycle. Elle envisage aussi de se rapprocher des doyens en médecine afin « qu’ils nous aident à passer le message ».


Source : lequotidiendumedecin.fr