Malgré une hausse du numerus clausus

Une attractivité régionale en berne

Publié le 30/04/2015
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30 à 40 % seulement des étudiants s’installent en Bourgogne

30 à 40 % seulement des étudiants s’installent en Bourgogne
Crédit photo : SÉBASTIEN TOUBON

« Nous mettons beaucoup d’énergie à former les jeunes, mais malheureusement ils ne restent pas dans la région », déplore le Pr Frédéric Huet.

Le numerus clausus a pourtant été augmenté dans l’espoir d’attirer les étudiants. Il est passé de 79 en 1999 à 214 aujourd’hui. « Mais malgré cela, nous n’arrivons pas à fidéliser nos jeunes. Seulement 30 à 40 % finissent par s’installer en Bourgogne », observe le doyen. Conséquence : certains départements se dépeuplent progressivement de leurs professionnels de santé. « Le Morvan par exemple, est un vrai désert médical. Il y a des cantons entiers sans médecins. Et en 2013, aucun professionnel de santé diplômé en France ne s’est installé dans l’Yonne. » Cette désertification commence à poser de vrais problèmes en terme de santé publique. « Du fait du retard de prise en charge, les stomatologues revoient des pathologies qu’ils n’avaient plus observées depuis 30 ans ! », note le Pr Huet. Pour lui, ce problème démographique s’explique par un défaut d’attractivité de la région, notamment à cause de distances très importantes pour rejoindre les grandes villes. Il note également un effet « cocooning » des villes universitaires. « Les jeunes médecins ont déjà fait leur vie, souvent dans une grande ville, quand ils terminent leurs études. Ils ont du mal à la quitter. De plus, ils s’installent tard, vers 37-38 ans. Si leur conjoint ne peut pas trouver de travail dans un désert médical, ils ne vont pas s’y installer… »

Le prix de la liberté

Pour lui, même si la liberté d’installation reste un grand pôle d’attractivité de la profession médicale, elle ne correspond plus aux besoins de santé publique. Et les contrats d’engagement de service publics proposés par l’État ne suffisent pas à juguler l’hémorragie. « Les solutions d’incitation financières ne sont pas efficaces, car le problème n’est pas financier. Ceux qui en bénéficient se seraient sûrement installés dans ces zones sans ces dispositifs », estime le Pr Huet. Il note que les projets de maisons de santé sont encourageants, mais ne suffisent cependant pas à couvrir totalement les besoins. « Il nous faudrait deux à trois fois plus d’installations dans la région, calcule-t-il. On pourrait peut-être trouver des solutions transitoires, en proposant qu’un médecin s’installe dans une zone en difficulté pendant deux ou trois ans avant une installation définitive. Ou proposer aux médecins d’avoir deux lieux d’activité professionnelle. Mais ce n’est que du replâtrage. Il faut consolider ce qui existe déjà et favoriser les regroupements. »

Malheureusement pour la Bourgogne, la solution miracle contre la désertification médicale n’a pas encore été découverte…

A.-G. M.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9408