La réforme de la L1 Santé examinée par les députés

Un report d’un an en débat

Publié le 15/12/2008
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LA RÉFORME de la première année de médecine sera-t-elle repoussée d’un an pour entrer en application en 2010-2011, comme l’a demandé un amendement adopté mercredi dernier par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale ? Ou sera-t-elle entérinée dès la prochaine rentrée universitaire comme le souhaite l’auteur de la proposition de loi, le Pr Jacques Domergue (UMP) ? Cette question est la principale inconnue de l’examen de la proposition de loi « portant création d'une première année commune aux études de santé et facilitant la réorientation des étudiants » qui est examinée en séance publique ce matin par les députés. Valérie Pécresse a affirmé dans nos colonnes son désir de voir la réforme d’envergure de la L1 Santé entrer en application dès la rentrée 2009-2010 (« le Quotidien » du 8 décembre). « Le report n’est pas la solution au gâchis humain que l’on connaît depuis des années en première année de médecine, affirmait la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Nous prendrons toutes les garanties pour que cette réforme se passe dans de bonnes conditions ».

La mise en place d’une première année qui intégrerait la pharmacie au cursus de médecine, sage-femme et dentaire, en instituant des possibilités de réorientation précoce et des concours distincts, n’est pourtant pas une sinécure. Les associations d’étudiants concernés s’inquiètent d’une instauration prématurée de cette réforme et continuent de demander le report à 2010-2011 de la mise en place de la L1 Santé. Une réunion organisée à Paris V par les conférences des doyens des 4 filières a permis aux différents interlocuteurs (doyens, étudiants, responsables administratifs…) d’exprimer leurs attentes et leurs craintes quant à la mise en place de cette réforme. « Face à la hausse du nombre d’étudiants inscrits, des problèmes d’infrastructure et de pédagogie vont se poser, commente Anne-Laure Lepori, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Nous n’avons également aucune information à donner aux étudiants sur les réorientations possibles. Il manque des arrêtés ministériels pour savoir comment cela va se passer ». Les étudiants de pharmacie refusent pour leur part l’intégration de leur filière à la L1 Santé. Et en aparté, certains doyens avouent qu’ils ne seraient pas fâchés de disposer d’une année supplémentaire pour éviter une déconvenue. Le Pr Christian Thuillez, président de la conférence des doyens, assure que « les facultés de médecine travaillent d’arrache-pied pour être prêts en temps et en heure. Ce sera difficile mais cela reste possible pour 2009. Continuons à travailler. Il ne serait pas bon que la pression retombe et que l’on repousse le délai ». Les doyens ont reçu l’assurance que le financement de cette réforme entre dans le plan « Réussir la licence » du ministère de l’Enseignement supérieur. « Nous aurons un budget dédié qui transitera par l’université », commente le Pr Thuillez.

L’amendement déposé par la députée communiste Jacqueline Fraysse et adopté par la commission des Affaires sociales demandant le report d’un an de la L1 Santé a peu de chances d’être validé en séance plénière. Jacques Domergue a confié au « Quotidien » que l’UMP déposerait un contre-amendement pour demander que la réforme entre bien en application à la prochaine rentrée universitaire.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 8481