Études médicales

Sus au numerus clausus

Publié le 16/12/2013
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IL FUT FIXÉ à 8 591 en 1971. Il restera bloqué à 7 500 en 2014. Depuis plus de 40 ans, le numerus clausus rythme la vie des études de médecine. Ce filtre à l’issue de la première année est devenu incontournable. Il est pourtant aujourd’hui remis en cause par des enseignants, des étudiants et même des parlementaires socialistes qui ont ouvert un groupe de travail.

La libre circulation des médecins au sein de l’Union a rebattu les cartes. Plusieurs centaines d’étudiants français contournent le numerus clausus et se forment en Belgique, Roumanie ou Croatie. Le numerus clausus a-t-il encore un sens ? La question a animé les récents états généraux de la formation et de la recherche réunis à Bobigny à l’initiative de la conférence des doyens.

« Le numerus clausus, c’est plus de 40 ans d’échecs de planification. Les pouvoirs publics sont aujourd’hui incapables de dire précisément combien il faut former de médecins », affirme le Dr Daniel Wallach, dermatologue hospitalier parisien à la retraite, auteur d’un ouvrage intitulé « Numerus clausus : pourquoi la France va manquer de médecins »*. Le praticien appelle à supprimer ce quota.

La France n’a jamais eu autant de médecins. « Ils sont plus de 200 000 mais le temps médical est insuffisant et la paperasserie administrative n’a cessé de croître, explique le Dr Pierre-Yves Devys, secrétaire de l’Ordre des médecins d’Ile-de-France. Et ce n’est pas en augmentant le numerus clausus ou en le supprimant qu’on augmentera le temps médical. »

Tri intelligent.

Les doyens sont conscients des insuffisances du système mais ne réclament pas pour autant de tout remettre à plat. « Je suis pour une harmonisation des règles au niveau de l’Union et un numerus clausus européen », déclare le Pr Dominique Perrotin, président de la conférence des doyens. En dehors de l’Italie, toute l’Europe a des contingentements, ajoute-t-il. Le débat dépasse nos frontières. Il y a dix jours, la Belgique a annoncé la suppression du numerus clausus à l’installation des généralistes et des spécialistes d’urgence, deux disciplines en pénurie.

Les étudiants sont prêts à envisager la suppression du numerus clausus. « Je ne suis pas sûr qu’il y ait suffisamment de médecins, explique Mathieu Levaillant, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France. Le numerus clausus est une maladie chronique. Les doyens, l’Ordre et les étudiants doivent se pencher sur la question. »

D’autant que l’examen de fin de première année est inégalitaire. « Le dernier reçu dans ma fac a 10/20 tandis que dans certaines UFR, certains sont recalés à 13/20 », déclare le Pr Daniel Le Gars, ancien doyen d’Amiens. « On pourrait supprimer le classement et sélectionner de façon plus intelligente », reconnaît le Pr Perrotin. Certes, mais comment ? La question reste ouverte.

* éditions Springer, 290 p., 15 euros

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9289