Jour J pour les docteurs juniors, ce nouveau statut intermédiaire entre l'interne de médecine et le chef de clinique créé dans le cadre de la réforme du troisième cycle. Exactement 1 237 jeunes médecins issus de la promotion des épreuves classantes nationales (ECN) 2017 prennent leurs fonctions pour la première fois ce lundi, en pleine seconde vague du Covid-19.
Le statut de docteur junior correspond à la dernière phase de l'internat, dite de consolidation ou « phase 3 » – les internes de médecine générale n'étant pas concernés. D'une durée d'un an pour les spécialités médicales et deux ans pour les spécialités chirurgicales, la phase 3 doit conduire progressivement le jeune praticien à une pratique professionnelle autonome.
L’accès à la phase de consolidation n’est possible que si l’interne a soutenu avec succès sa thèse d’exercice. Nouveauté, au lieu de choisir un stage selon l'ordre de classement aux ECN, les docteurs juniors sont passés mi-septembre par un système de « big matching », procédure de choix par appariement algorithmique. Ce système permet de marier un poste avec un vœu d'interne et les choix des responsables de stage. 96 % des internes ont été affectés et parmi eux 98 % ont eu leur choix le plus désiré, selon l'Université numérique en santé et sport (UNESS), organisatrice de la procédure.
Rémunération et gardes
La rémunération des docteurs juniors a légèrement augmenté à la faveur des accords du Ségur, signés en juillet. Les émoluments passent de 27 025 euros à 27 125 euros brut par an. À cela s'ajoute une prime annuelle d'autonomie supervisée actée en début d'année de 5 000 euros brut par an pour la première année et de 6 000 euros brut par an en cas de seconde année prévue dans la maquette.
La rémunération des gardes a été calquée sur l'indemnisation de la permanence des soins des praticiens hospitaliers, praticiens à temps partiel et assistants des hôpitaux. Dans le cadre des obligations de service hebdomadaires la nuit, le dimanche ou jour férié, l'indemnité de sujétion s'élève à 267 euros. En cas de demi-nuit ou un samedi après-midi, l'indemnité est de 133 euros.
Concernant les astreintes, l'indemnité forfaitaire lors d'une nuit ou deux demi-journées s'élève à 42 euros (21 euros en cas d'une demi-astreinte).
Incertitudes
Contactée, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) reste très vigilante sur cette prise de fonction des docteurs juniors. « Il manque des textes, le cadre est encore flou, nous recevons au syndicat énormément de questions sur des situations personnelles, femmes enceintes, année interCHU, année de recherche, etc., questions auxquelles nous ne pouvons pas toujours répondre », explique Gaétan Casanova, nouveau chef de file des internes.
L'ISNI redoute surtout des dérives dans les hôpitaux alors que déferle la seconde vague épidémique. « Nous craignons que les docteurs juniors soient des variables d'ajustement sur les lignes de garde et qu'ils soient tout de suite inscrits sur les lignes seniors », sans avoir le temps de prendre leurs marques, alerte le président du syndicat.
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