À l’image de la révolution industrielle dans le secteur automobile, la robotisation croissante dans les disciplines chirurgicales – en urologie, gastro-entérologie, ORL et bientôt en gynécologie – fait planer le risque de réductions emplois.
Est-ce vraiment le cas dans les hôpitaux ? Pas forcément. « Avec 20 ans de recul, nous estimons que le robot ne remplacera pas l’homme au bloc opératoire. En revanche, il limite considérablement le niveau de fatigue du chirurgien, l’infatigable robot décuple nos possibilités et notre savoir-faire », s'est enthousiasmé lors d'un colloque* au Sénat le Pr Jacques Hubert, urologue et coordinateur du DIU de chirurgie robotique au CHRU de Nancy. Doté de l’un des 90 robots Da Vinci installés en France, ce praticien estime que 600 millions d’euros ont été investis l’an dernier pour équiper des blocs opératoires dans l’Hexagone !
Non seulement l'automatisation est à l'origine d'investissements nouveaux pérennes mais la confiance s'installe progressivement au bloc. Parmi les 17 000 événements indésirables déclarés l’an dernier à l’Agence de sécurité du médicament (ANSM), seuls 30 situations graves ont concerné des interventions chirurgicales robotisées – dont la moitié était liée à un manque de formation. Avec le développement de la robotique médicale, « les équipes ne sont pas réduites (...), en revanche, la formation de tous est absolument obligatoire », insiste le Pr Jacques Hubert. « Il n’y a rien d’intuitif et comme dans l’aviation, le pilotage d’un robot impose de longues heures de double commande ! ».
Baisse de l'absentéisme ?
Reste qu'il ne sera pas si facile pour les chirurgiens de dégager ce temps de formation indispensable, ce qui risque de freiner la montée en puissance de la chirurgie robotique.
Parmi les atouts des robots chirurgicaux, les praticiens pionniers citent volontiers l’amélioration des conditions d'exercice, notamment la baisse des TMS des médecins concernés, un constat positif partagé par Jacques Guillot, DRH du groupe de cliniques Ramsay Générale de santé qui dispose de trois robots.
Laurence Breton-Kueny, DRH du groupe Afnor, estime de son côté que 60 % des nouveaux métiers de santé (issus de la robotique) à l'horizon de dix ans restent à inventer, avec la perspective de profits directs et indirects. « En limitant la pénibilité, les hôpitaux pourront faire baisser leur taux d’absentéisme et faire travailler plus longtemps leurs salariés dans de meilleures conditions », estime-t-elle. Les interventions chirurgicales mini-invasives permettent déjà aux patients de récupérer plus vite avec des avis d’arrêt de travail plus courts.
Jean-Pierre Chaniat président de l’Observatoire de l’hospitalisation privée, se montre optimiste. « Même si les évolutions conduisent toujours à des mutations, l’emploi ne sera pas détruit par la bulle de la robotique ».
*Organisé par l'Observatoire de l'hospitalisation privée
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